... devant l'appareil de mammographie! Bon, c'est clair c'est pas glamour comme photo, mais c'est bien utile.
Dans un sens j'ai un peu de mal avec l'action octobre rose, parce qu'il ne faut pas penser au cancer qu'à cette période de l'année. D'ailleurs, je te recommande de te faire dépister en janvier, parce que si les résultats sont pourris, au moins, tu auras passé de bonnes fêtes de fin d'année. J'ai aussi un peu de mal parce qu'il est question essentiellement du cancer du sein, mais ce n'est pas le seul qui existe. Je ne vais pas vous faire la liste, hein, je ne suis pas médecin et je suis certaine que je vais en oublier. En revanche, je suis d'accord qu'il faille sensibiliser les gens - pas que les femmes, parce que Monsieur peut aussi percuter qu'il y a une grosseur dans le sein de sa femme. C'est l'occasion aussi de parler de cancer, de maladie et de parler des organismes près de chez toi qui accompagnent les patients (et familles) atteints d'un cancer.
Perso, mon expérience avec le cancer, je m'en serai bien passée. En fait j'ai eu l'occasion d'être la famille qui accompagne avec ma mère par exemple qui a eu un cancer su sein. Et j'ai eu l'occasion d'être le patient (et d'apprendre la patience par la même occasion) avec mon cancer de la thyroïde. *** Danse de la joie d'être en rémission *** Très honnêtement, je comprends que toi, bonne femme super active, tu sois obligée de te foutre un coup de pied au cul pour aller faire ta mammo. Parce que 1) Il parait que ce n'est pas agréable - je ne sais pas, j'ai les seins trop denses pour en faire et oui j'me la pète parce qu'ils tiennent comme il faut 2) Il y a la peur du résultat. Mais ça de toute façon, tu n'y peux rien. S'il n'y a rien tu vas te sentir comme libérée, mais s'il y a quelque chose, ce n'est pas en fuyant le problème que ça ira mieux, bien au contraire! L'angoisse du résultat est assez infâme à vivre. Je ne l'ai pas vécue avec une mammographie, je l'ai vécue avec une analyse suite à une opération. J'avais une boule qui ressemblait à une couille un abricot dans le haut du cou. Je me la suis faite enlever en pensant que c'était bénin, mais quand j'ai reçu la facture sans les résultats, je savais que ça puait du cul. Bref, ça fout les jetons. Mais une fois que t'es au courant, tu peux faire en sorte d'aller mieux.
Aller mieux... Concept méga abstrait quand t'apprend que t'as un cancer, mais qui devient un putain d'objectif tout aussi abstrait une fois que ton monde s'est remis à tourner. C'est véridique, le monde s'arrête quand tu l'apprends. Je peux te dire exactement ce que je faisais quand mon médecin me l'a annoncé par téléphone, comment était mon appart et tout le reste. Mais après, tu te focalises sur le fait que tu vas aller mieux. Il y a des jours où ça te semblera impossible, mais tu t'y accrocheras - pour toi, tes enfants, ta famille, tes potes, tes chats... Tu auras l'impression aussi que tu vas laisser la trace de tes fesses sur les chaises de salle d'attente: celle de ton généraliste, celle du chirurgien, celle du cabinet d'analyse de sang, et j'en passe... Mais à chaque fois que tu seras assise sur ces chaises avec le sentiment que tu n'arriveras pas à te lever quand ce sera ton tour puisque tu attends depuis des lustres, à chaque fois, tu penseras à aller mieux. Et c'est pour ça, c'est pour cette raison que tu ne pars pas et que tu ne fais pas un scandale au médecin qui a trois heures de retard dans ses rendez-vous. (Clin d'oeil au Professeur C de Lille qui était souvent à la bourre)
Un cancer, ça va te changer la vie sur plusieurs dimensions. Déjà, physiquement, il est possible (c'est pas automatique) que t'es une ou plusieurs cicatrices. Moi j'en ai deux dans le cou, mais j'ai du bol parce que j'ai réussi à les oublier. Je ne fais pas qu'y penser. Après, ça va te changer ton dossier médical. Tu peux acheter un gros classeur pour mettre toutes tes analyses diverses et variées. En un an, j'ai rempli un passe-vue! Tu vas passer du temps avec les médecins, c'est chiant, mais il y a vraiment des médecins super sympas. Tu vas aussi augmenter ta culture G sur cette partie du corps. Avant je ne savais même pas à quoi servait la thyroïde, mais ça c'était avant! Bref! Ton quotidien va changer aussi parce que tu ne le verras plus de la même façon. Limite, tu seras contente de laver par terre parce que ça voudras dire que t'es assez en forme pour le faire. Et il y a la rémission, le fameux objectif d'aller mieux! Quand on m'a annoncé que j'étais en rémission, j'ai du dire merci 40 fois dans la même phrase au médecin nucléaire et à son interne. J'ai fait la danse de la rémission dans le couloir, dans le métro, en ville au téléphone, dans le train, en rentrant chez moi, en l'annonçant à tout le monde, et, encore maintenant après plus d'un an, je continue à faire cette danse quand j'y repense ou quand je reçois mes analyses de sang...
Je ne peux pas écrire un article sur le cancer sans te parler de deux choses aussi:
La première, le rôle important de ta famille et de tes proches. Il ne faut pas le garder pour toi, parce que ce n'est pas la solution. Il faut trouver les mots justes pour en parler, même si ça te semble difficile, surtout aux enfants. Je n'ai pas de gosses, mais mon petit frère avait moins de 10 ans quand je suis tombée malade. C'est con, mais entendre le son de sa voix quand j'étais à l'hosto m'a fait un bien fou (j'étais en isolement, en chambre plombée donc aucune visite). Même si ta famille n'a pas les clefs pour te soigner, elle est là pour tout le reste et Dieu sait que ça fait du bien de les avoir quand ça va ou pas!
Deuxième point cher à mes yeux, toujours dans le domaine de l'accompagnement, ce sont les structures, les assos spécialisées dans l'aide aux patients. Quand ça m'est tombé sur le coin du bec, j'ai eu besoin d'en parler avec quelqu'un que je ne connaissais pas, qui n'était ni de mon entourage, ni du domaine médical. Sur Dunkerque j'ai trouvé l'ERC - Espace Ressource Cancer. A cette époque, c'était Céline qui gérait cet organisme. Elle m'a permis de parler, mais pas uniquement. J'ai fait des ateliers avec d'autres personnes malades, histoire de combler le temps vide de l'arrêt maladie. Même si j'étais la plus jeune (27ans), il y avait une bonne ambiance et ça fait un bien fou de sortir de chez soi! Donc si tu es de Dunkerque et que tu cherches l'ERC c'est à la maison de promotion de la santé, en face de la caserne des pompiers 😉
Pour conclure cet article, je sais que t'as pas envie d'aller faire ta mammo ou autre examens fastidieux. Mais faut te mettre un coup de pied au cul. Parce que faire l'autruche n'est pas le traitement recommandé pour te soigner. Et si après ton examen, en fait, tout va bien, tu pourras te dire que ce n'était pas si difficile que ça! 😉
Spéciale Dédicace à toutes les personnes qui m'ont soutenue, supportée, conduite, visitée, encouragée, qui ont dansée avec moi la danse de la rémission: Chéri, Antoine, Alex, Françoise, la famille de Chéri, ma Tante, ma famille, et M&M's, Morue, Emilie et les autres qui se reconnaitront ^^