Je me suis demandée pendant plusieurs jours si je devais en parler ici, sur le blog. Habituellement, cet espace est réservé à la décoration et je me suis souvenue qu'il m'était déjà arrivé de péter les plombs et de crier un bon coup. Là, c'est différent. C'est un trop plein d'émotions, qui doivent sortir... Plusieurs idées aussi qui doivent être mises à plat. Forcément, vous l'avez compris, je vais parler du massacre qui a eu lieu chez Charlie Hebdo et des événements qui ont suivi.
Je viens de l'écrire, il y a un trop plein d'émotions. Mercredi, j'ai vu vite fait passer l'info, mais je bossais donc je n'y ai pas plus prêter attention que ça avant 17h et des patates. Depuis que j'ai compris, que j'ai percuté ce qu'il s'était passé, je suis sur le cul. Il y a une part de moi qui ne veut pas y croire et qui me répète: "Voyons Julie, c'est comme à la télé, ça ne peut pas être vrai!". Et il est pourtant vrai que 12 personnes sont mortes, alors qu'elles ne faisaient que travailler. Il y a une part de moi qui est triste, vraiment très triste. C'est con, je ne connais pas personnellement ces 12 personnes, mais je suis triste. J'ai de nombreuses pensées qui vont aux proches et aux familles des victimes. C'est toujours plus compliqué pour ceux qui restent. Je suis triste aussi pour ces personnes qui ont un deuil douloureux / violent / ultra-médiatique qui les attends. Je suis aussi en colère. Je suis convaincue que ce massacre aurait pu être évité.
Je ne suis pas terrifiée. Je n'ai pas peur de ce qui pourrait se passer par la suite. Ce qui doit arriver, arrivera. Je ne vais pas arrêter de vivre par crainte d'un éventuel attentat.
Je ne cherche pas à comprendre les motivations de ces hommes qui ont pris la vie d'autres hommes et femmes. Je sais que ce qu'ils ont pensé, malgré toute la tolérance dont je pourrai faire preuve, ça, je ne peux pas le comprendre.
Je ressens aussi beaucoup de tristesse pour les victimes des prises d'otages, qu'elles soient mortes ou vivantes. Parce que là aussi c'est dégueulasse de jouer avec la vie des gens. Rien ne justifie qu'on s'octroie le droit de vie ou de mort sur quelqu'un d'autre. RIEN!
Je suis aussi horrifiée par ce que j'ai pu lire sur les réseaux sociaux, même si dans l'ensemble, les gens se sont bien tenus. N'empêche que la plupart de mes contacts ne lisaient pas Charlie Hebdo, ils ont juste suivi un mouvement sur lequel je reviendrai après. Je disais donc être horrifiée par ce que j'ai lu. Les amalgames à la con que je ne répéterai pas ici. La joie de certains quand les terroristes sont morts. Putain, c'était pas un film!! Malgré leur monstruosité, ils restaient des hommes. J'aurais tellement aimé qu'ils soient jugés, un vrai jugement! Ce qu'ils ont fait ne vous donne pas le droit de vous réjouir de leur mort. Certes ils ne feront plus de mal, mais ils ne peuvent pas non plus assumer et répondre de leurs actes infâmes.
Je suis en pétard aussi, par rapport aux proportions qu'a pris la fusillade. Il est certain, que le choix de Charlie Hebdo n'était pas anodin. C'est pas le première journal auquel j'aurais pensé. (En même temps, je ne m'étais jamais posé la question...). Je suis écoeurée par les réactions tout azimut qu'on eu les gens. La fameuse liberté d'expression, dont tout le monde s'inquiète, là d'un coup. Alors que mardi, ils n'en avaient rien à branler. Non, mais c'est vrai! Je suis sûre qu'il y avait une floppée de gens qui rembarraient leur collègue / leur ado / leur conjoint mardi, juste sous prétexte qu'il y avait un désaccord. Et là, Bim! il y a 12 personnes tuées, dont 9 qui faisaient partie d'un magazine, et Bim! on crie haut et fort qu'il faut préserver notre liberté d'expression. Ouais ben, il faudrait commencer par apprendre à écouter les gens qu'on côtoie au quotidien avant d'aller nous casser les couilles avec la Liberté d'Expression, celle avec des majuscules, celle qui est abstraite. Si tu veux qu'on t'écoute, apprend à écouter d'abord! Le "Je suis Charlie" a pris une envergure qui est un peu absurde à mon sens. Trop symbolique pour Charlie Hebdo. Si les dessinateurs avaient été là, vous pouvez être certain qu'ils seraient en train de se foutre de votre gueule puissamment.
Je suis perplexe aussi. Oui, perplexe. J'ai suivi ces 3 jours à travers différents médias. J'ai même allumé la télé (d'ailleurs, j'ai du demander à Chéri comment on faisait, parce que je ne le fais jamais). Je crois que je n'ai jamais autant regardé la télévision (si une fois, quand le Prince et Kate se sont mariés). Je n'avais jamais autant lu les journaux. J'ai été peu sur les réseaux sociaux. Et avec tout ce que j'ai lu, entendu et vu, j'ai le sentiment que tout n'est pas dit. Je ne sais pas, on dirait qu'il manque une ou plusieurs mailles au tissus. Je comprends bien que les autorités ne peuvent pas tout dire. Mais là, il y a un truc qui cloche. Je ne saurais probablement pas quoi, jamais.
Je suis confuse face aux rassemblements de ce week-end. Samedi matin, je me suis posée la question d'aller ou non à la marche républicaine l'après-midi. Je suis allée au rassemblement le mercredi soir. C'est un acte spontané, une manière peut-être de rendre les choses réelles en vain. Là, les marches républicaines, j'ai plus de mal. J'avais envie d'expier ce trop plein d'émotions. En revanche, je ne voulais pas être dans une démarche républicaine. On est à 20 000 lieux de l'attentat. Je suis désolée, je vais sûrement choquer des gens, mais je ne crois pas à 100% à notre république. Je ne suis pas souvent d'accord avec les choix qui sont faits. Elle a de nombreuses imperfections. Et je ne pouvais pas être dans ce type de rassemblement. Ce n'était pas une marche commémorative. Ce n'était pas une marche pour la liberté d'expression. Ce n'était pas tout à fait une réponse aux terroristes et à la terreur qu'ils souhaitent instaurer. C'était une marche républicaine. C'est un peu trop politisé pour moi. Ce n'était pas assez neutre. Donc je n'y suis pas allée.
La seule fois où j'ai écrit sur les réseaux sociaux de l'attentat qui s'est déroulé chez Charlie Hebdo, dans mon statut il y avait le mot propagande. (Je préparais un article à ce propos...) Je suis méfiante comme fille. Je refuse qu'on utilise mes sentiments, mes émotions à des fins différentes et politiques. J'ai regardé quelques interventions de notre président. Je savais qu'avant il était très très bas dans les sondages de popularité (un peu comme quand t'es nul et que tu vas chanter à The Voice). Là, je ne l'ai pas trouvé mal du tout. Cela n'empêche, que je ne voulais pas que l'émotion que je ressens encore soit instrumentalisée.
Je sais très bien que dans ce texte, il y a des personnes qui vont s'y reconnaitre un peu, beaucoup, passionnément et pas du tout. Je m'en fout éperdument. J'en avais déjà rien à secouer en début de semaine, ça n'a pas changé. Que vous me rejoignez ou pas quant à mes propos là n'est pas le sujet. J'avais juste besoin d'extériorisé ce trop plein...
Pour terminer, je tiens à redire que nombreuses de mes pensées vont aux familles des victimes. Parce que c'est à elles qu'il faut penser avant tout!