Nos amis et nos familles nous demandent très souvent si ça se passe bien en Inde et nous demandent aussi ce que nous faisons. On a décidé de voyager autrement. On ne voulait pas faire 50 villes en 6 mois. On voulait profiter et découvrir un peu plus que la surface. On est en Inde, hein ! C'est quand même assez différent de la France ou de l'Europe, ça vaut bien le coup qu'on creuse un peu pour comprendre, découvrir et apprécier pleinement ce monde nouveau. Je vais tâcher de m'appliquer pour cet article. J'aimerai vous montrer ce monde, le temps d'une journée. J'aimerai vous faire découvrir dans quel univers on évolue, mais aussi pourquoi à chaque fois, je dis que c'est un monde de fou quand on me demande si ça se passe bien.
Généralement, le matin, on est à l'hôtel. J'en profite pour écrire, lire, regarder une série ou un film, faire la lessive. Flo dort bien souvent. C'est un hôtel communautaire. Un peu comme une auberge de jeunesse, mais avec de nombreux gars qui y vivent toute l'année. Souvent, je suis la seule blanche et la seule nana. Il y a des touristes de passages – touristes indiens ou européens – qui ne restent que quelques jours. Faut te dire que quand je me lève vers 8h, ça sent la bouffe dans tout l'hôtel. Ca ne sent pas le café, le pain et la confiture. Ca sent les épices. C'est assez calme le matin, il y a juste la télé qui hurle (on est en Inde, chaque son est fort) et les bruits de la rue (klaxons, vendeurs qui crient, les vaches qui font meuh et le corbeaux...). Les gars se lèvent, se préparent et vont bosser. Nous le matin, c'est tranquille. On se douche à l'eau froide. Ici, la douche n'a qu'à bouton : on / off. Tu ne choisis pas la température de la douche. On se douche tard pour que l'eau des cuves sur le rooftop puisse chauffer avec le soleil. (Et s'il pleut, of course, la douche n'est pas très chaude!) Souvent mon jeu du matin, c'est de monter sur le rooftop pour fumer une clope et chercher les écureuils sur les toits pour les observer. Je ne m'en lasse pas.
Quand on décide de bouger, la matinée est généralement passée. On va dans le quartier tamoul de Pondicherry, très souvent sur Mission Street (la rue des Cathédrales), pour boire un café. On est à 1/4h – 20 minutes je crois à pieds. On passe par les petites rues indiennes de notre quartier. Ca n'a rien à voir avec ce que l'on voit en France. Les rues sont parfois étroites, bétonnées vite fait. En sortant de l'hôtel, tu peux croiser une vache, une poule, un coq ou un chat. Le plus dur à voir c'est le chat. On est en pleine ville, mais ici les animaux dits « de la ferme » en France vivent en ville. Notre rue est colorée : les façades, les habits qui sèchent au soleil, les fleurs sur les arbres. Et ça sent la bouffe. Ca klaxonne pour passer ou juste pour avertir qu'il y a quelqu'un. On continue, on entre plus profondément dans notre quartier. On a déjà croisé 2 temples et on arrive près d'un petit marché à poisson, qui ne sent pas mauvais. Les femmes vendent le poisson dans des petites cahutes, sommaires. Mais même si on n'a pas un étal bien propre comme en France, leur poisson nous fait envie. A ce niveau là de notre route, c'est toujours bruyant. Les vendeuses de poissons sont accolées à un mur d'une école. Et les gamins piaillent. On voit un réparateur de vélo. On recroise une vache, l'arrière ouvert d'un temple et du bassin attenant. Parfois dans le temple on les voit préparer de grosses gamelles de nourriture. (La solidarité ici revêt différentes formes). On avance encore. Le quartier est en construction. On croise des maisons de fortunes agrandies par des tôles et différentes choses récupérées. On croise aussi des vaches et des chèvres. Les chevreaux sont trop mimis ! Parfois sur la route, quelques personnes nous demandent 10 roupies (soit pas grand chose). Ils le font – pas parce qu'ils mendient – parce qu'on est blanc et synonyme de richesse. On passe sur le petit canal, comme d'hab ça pue. On passe devant l'un des conteneurs à poubelle. Il y a en a plus à l'extérieur qu'à l'intérieur. Je reviendrai un jour sur les indiens et leurs déchets. On passe devant un magasin qui fabrique une pâte blanche, sûrement pour faire des dosas ou des shapatis. On entend et voit les turbines des machines. Ca ne sent pas mauvais, mais ça ne sent pas bon non plus. On sort de notre quartier et on arrive sur une rue passante.
La circulation et les klaxons s'intensifient. On voit pour traverser quand à droite et à gauche, il n'y a pas trop de monde. Il n'y a pas de passage piétons, pas de feux de signalisation et celui qui a la priorité c'est celui qui a le moins peur. Tu te doutes bien qu'en étant à pied, on n'a pas la priorité. On traverse. Parfois on reste 5 minutes à attendre avant de se lancer. Parfois, on reste encore 5 minutes sur la ligne blanche. Le but c'est de ne pas croiser un bus. Les chauffeur de bus sont fous. Ils klaxonnent à tout va. Ils doublent les scooters, motos et voitures. Ils peuvent rouler sur la voie de droite sans en avoir rien à foutre. Et surtout ils roulent vite. Bienvenus chez les fous du volant !
Maintenant que nous avons traversé, on arrive à Mission St. On a encore un peu de marche à faire. Il y a quelques jours, il a été décidé que le stationnement était limité à un seul côté. En étant à pied et en marchant sur la route (les trottoirs ne servent à rien en Inde quand ils existent), ça nous simplifie la tâche. Mission St est une rue animée avec un tas de magasins. On passe devant le restau auquel on va souvent. Ca sent bon le poulet aux épices et juste à y penser, j'en salive. On passe devant la banque et s'il n'y a pas trop d'attente aux distributeurs, on s'arrête. (Depuis l'épisode de démonétisation des billets de 500 et de 1000, c'est la merde et on ne peut retirer qu'à cette banque là ou presque, mais il y a toujours foule). On avance. Même si ça fait plus de deux mois que nous sommes à Pondicherry, j'ai l'impression de découvrir chaque jour une nouvelle rue. Il y a tant à voir... Les loueurs de scooters nous interpellent pour essayer de nous en louer un. A force ils savent qu'on fait beaucoup à pied. Les chauffeurs de tuctucs ralentissent sur la route pour se mettre à notre niveau et nous proposer de nous emmener. Eux aussi bien souvent ont compris qu'on faisait tout à pied. Et même si on leur dit non merci, ils sont presque toujours sympas. On avance. On s'arrête devant La Mission Café – un tout petit café en demi sous-sol, surplombé par un magasin de montres de 2 étages. On a trouvé ce café rapidement après notre arrivée à Pondicherry et même si on en a essayé d'autres, on revient tous les jours ou presque.
Dans ce café, on est toujours bien reçu. Les 3 employés sont aux petits soins avec nous. Ils connaissent notre commande, nos habitudes. Pour Flo c'est un French Press, autrement dit une cafetière à piston. Pour moi, c'est un Buma Devi, un café au lait surplombé de mousse de lait. Et parfois j'ai un supplément de mousse dans une tasse à part. Je suis la seule à manger la mousse à la cuillère. Les indiens la mélange avec le café. Le café est super bon. On lit le journal. On se connecte sur internet. On s'en reprend un.
Après ça, on a un programme varié : achat de clopes, achats divers au supermarché, promenade... Parfois on rentre à l'hôtel. La nuit tombe à 18h. Vers 18h30 – 19h où on va manger. On a des restau de prédilection. Parfois on teste autre chose. Très souvent, les indiens mangent dans la rue, debout. Nous, on fait en sorte de manger assis. J'ai du mal à concevoir de manger debout à l'arrache. Depuis peu, ça nous arrive aussi de manger à l'hôtel, c'est végétarien. C'est délicieux, mais on aime trop manger du poulet ! On en mange beaucoup. On mange du bœuf rarement. On mange du jambon uniquement sur la pizza. Faut savoir qu'en Inde, c'est différent qu'en France. Souvent l'eau est en carafe sur la table. (On en boit que si on a confiance). On est servi pas forcément en même temps. Il arrive que j'ai bien entamé mon plat quand celui de Flo arrive. Tout ce qui est sur la carte n'est pas forcément disponible. On mange avec la main droite. On se lave les mains avant et après mangé. On paye très vite après avoir mangé. Bref, on n'est pas en France où on peut rester à table pendant 2 heures.
En sortant du restau, on part dans une petite rue où on fume une clope. La cigarette est mal vue en Inde. On rentre à l'hôtel, souvent en passant devant un temple. Les indiens passent devant et prient tout en marchant. Parfois on entend de la musique sortir du temple. Les temples tamils sont magnifiques, d’ailleurs, je vous en parle ici. On passe par le liquor shoppee – le vendeur d'alcool. Pas tous les soirs, mais de temps en temps c'est agréable de boire une bière. Le liquor shopee est presque au bout de la rue. Nos bières sont mises dans des sacs noirs. Même si on ne montre pas ce qu'on boit, tout le monde sait que tu es passé par le liquor shopee à cause du sac reconnaissable. On rentre par le bout de notre rue. Les enfants jouent dans le rue, nous disent bonjour. Les chiens aboient. On croise la vache du matin. Certains dorment devant chez eux. D'autres font à manger devant la maison sur un feu ardent. On arrive à l'hôtel. Ca sent encore super bon la bouffe. On monte les 3 étages et on savoure notre bière relativement fraiche sur le rooftop. On s'est déjà retrouvé à être 6 français sur le rooftop pour passer la soirée. Si on ne boit pas, on va à notre étage. On a internet. Perso, je vais moins sur Facebook et les réseaux sociaux. Je préfère être dans la chambre et lire / mater une série. Vers 23h, l'hôtel est silencieux. Tout le monde dort ou presque. Le bruit de la rue est plus calme aussi. Plus tard dans la nuit, il y a tellement peu de bruit qu'on entend le bruit des vagues qui s'éclatent au bout de notre quartier.
Donc voilà, c'est une de nos journées habituelles à Pondicherry. Le bruit, la pollution on n'y prête plus trop attention. Les odeurs, c'est difficile de vous en parler. L'Inde est un pays odorant. Il sent généralement bon, avec quelques piqures de rappel d'égouts ! On ne regrette pas d'avoir pris le temps de poser nos sacs à dos à Pondicherry pendant 3 mois. Ca nous a permis de mieux connaître certaines personnes, mais aussi de créer quelques habitudes agréables. Là, nous sommes aussi en train de préparer la suite de notre périple. Dans une dizaine de jours normalement, on quitte l'hôtel pour aller à Auroville, une communauté un peu particulière. Mais je vous en parlerai en temps voulu !
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