Je ne me considère plus comme féministe. Je ne veux pas être associée à l’image de certaines assos féministes qui font du prosélytisme et qui en général me casse bien les ovaires. Je suis pour une égalité des deux sexes, pour le respect entre chacun. Et puis toute la véhémence autour du féminisme me saoule, c’est un peu comme les végans. Pour cette journée internationale des femmes, j’ai eu envie de faire un point sur ce que moi, Julie - 34 ans - française, j’ai pu voir pendant un peu plus d’un an et demi de nomadisme en Asie.
5 pays d'Asie, quelques différences entre les femmes
On croit que d’un pays à l’autre, les femmes ont les mêmes problématiques. C’est peut-être vrai en Europe. En Asie ce n’est pas tout à fait ça… En Inde, rien qu’en Inde, les femmes ne sont pas toutes logées à la même enseigne. Ca dépend d’un tas de choses: leur caste, la richesse de leur famille, leur niveau d’éducation, la région dans laquelle elles vivent, etc. Au Népal, on a trouvé que les femmes semblaient plus libres qu’en Inde. Certaines fument, d’autres travaillent. On a vu plus facilement des femmes bosser au Népal qu’en Inde. En Malaisie, les femmes travaillent aussi, peu importe leur origine. J’ai aussi trouvé les femmes musulmanes en Malaisie très coquettes. On oublie la burka noire, on est à des années lumières de cela. En Malaisie, ce n’est pas la même pratique de l’Islam qu’en France. En Thaïlande, les femmes travaillent aussi bien que les hommes, ce n’est pas un problème. Elles conduisent. Elles ont une vie qui s’apparente assez à celle que nous pouvons avoir en Europe. Enfin, il y a le Laos, où les femmes travaillent et à mon sens, elles travaillent bien plus que les hommes. Il y a bien des hommes qui travaillent, mais de ce qu’on a pu voir, c’est elles qui gèrent le boulot, le portefeuille, la maison… C’est un système qui s’apparente plus à du matriarcat du moins au quotidien.
La prostitution en Asie
Quand on parle de l’Asie, une idée fréquente que l’on a, c’est la prostitution. On en a vu dans tous les pays à des degrés différents. Je ne suis pas contre la prostitution. (Je ne suis même pas désolée si ça vous choque). Je suis pour une prostitution choisie et encadrée. A mon sens, les femmes doivent pouvoir disposer de leur corps comme elles le souhaitent, même si elles veulent le vendre. Mais il faut qu’elles le veuillent - pas qu’elles y soient contraintes - et il faut qu’elles puissent dire non. (Et ça même en Europe, je doute qu’elles puissent toutes le dire…)
En Inde, ce sont des parias, elles n’ont pas de reconnaissances et elles sont jugées. On en a vu peu. Idem au Népal.
Quand on est arrivé dans le sud est de l’Asie, on est arrivé en Malaisie. A Kuala Lumpur, dans Chinatown, il y a des hôtels de passes qui ont pignon sur rue. Il y a généralement une pute devant qui appâte le client. On en a vu pas mal à Georgestown aussi. C’était bien souvent glauque au détour d’une ruelle sombre.
La Thaïlande est connue malheureusement pour le commerce sexuel. Je m’attendais à pire et pourtant elles font partie du paysage touristiques avec les bars à billard. Il y a toute une série d’attractions touristiques autour des putes en Thaïlande, avec les massage qui offrent une « happy ending » ou encore les ping-pong show. Pour être tout à fait honnête, ce n’est pas la Thaïlande qui m’a le plus choquée quant à la prostitution, c’est le Laos. J’ai déjà eu l’occasion d’en parler dans l’article où je me demandais si les voyages apportaient de la tolérance. Le Laos, c’est le pays qui a été le plus dur à ce niveau là pour moi, avec ma sensibilité et ma conscience. On a vu une gosse avec de vieux pervers. On a vu un tas de putes. Contrairement à la Thaïlande, ça ne fait pas partie exclusivement du commerce touristique. Il y a des maisons closes, mais pas seulement.
L’accès à l’éducation en Asie
Là aussi selon les pays il y a des différences. Je ne vais pas revenir sur les systèmes éducatifs dans les 5 pays que nous avons visités, je ne suis pas certaine que ce soit pertinent. En revanche, l’éducation permet de donner des clefs aux enfants pour devenir adulte et cela influencera nécessairement la relation homme / femme dans les années à venir.
Il y a quelques semaines, je lisais un article sur la qualité de l’éducation dans le monde. J’avais été surprise de lire que le Viet Nam par exemple avait une qualité d’éducation similaire à celle de l’Allemagne. Mais globalement ce qu’il fallait retenir de l’article c’était 1) la grande majorité des gosses dans le monde avait accès à l’éducation 2) la vraie différence était quant à la richesse du pays. En effet, les pays riches offraient une meilleure éducation que les pays pauvres. Dans tous les pays que nous avons visités plus ou moins longtemps, on a vu des gosses aller à l’école, filles comme garçons. Là, je ne vais pas faire de clivage de genre. Ce qui m’interpelle plus ce sont deux choses: la qualité de l’éducation est payante. Dans tous les pays que nous avons visités, il y a des écoles privées, bien plus qu’en France et il faut les payer. En Inde, il n’est pas rare qu’à la maison il y ait un précepteur en plus des heures d’écoles. La deuxième chose c’est les choix des programmes et les moyens mis en oeuvre pour enseigner. On voit bien que tous les pays ne sont pas égaux, donc les gamins non plus. Ce qui m’a le plus perturbé, c’est probablement le Laos avec les gosses qui vont à l’école au son du mégaphone qui distille des messages politiques.
Les règles et la sexualité
Oulala, alors attention, là c’est la merde! Quand tu vois qu’en France avec mes copines je parle de cul souvent, que mon homme sait quand j’ai mes règles, qu’il n’y a pas de honte à aller chez le gynécologue… Bah en Asie, tu fais une croix sur tout ça. Et puis limite, tu fais aussi un reset total.
A Pondy, on en a parlé avec les copains. On a parlé mariage et sexe. Il y a une galaxie entre l’Europe et l’Asie, dans ce domaine, ce n’est plus un monde qui nous différencie, mais bien une galaxie. Fallait voir la tête des copains quand je leur ai expliqué que nos parents nous parlaient de ça à l’adolescence, qu’on avait des cours sur la sexualité au collège, qu’on n'attendait pas d’être mariés pour faire l’amour. Il fallait voir aussi ma tête quand j’ai compris qu’ils étaient encore vierges pour la grande majorité. Ils ne parlent pas de tout ça, ni à l’école, ni en famille. Je ne ferai pas de généralité pour toute l’Asie, mais j’ai bien peur que ce tabou soit vraiment répandu.
Les règles sont aussi une problématique importante. En Inde et au Népal, pays majoritairement hindous, les filles ne vont pas à l’école quand elles sont réglées. C’est considéré comme de l’impureté, elles n’ont pas le droit d’aller au temple non plus. Au Laos, il y a une asso européenne qui intervient dans les écoles pour former les institutrices pour qu’elles puissent sensibiliser les jeunes, à propos des règles et de tout ce que ça implique.
Par ailleurs, en Malaisie, j’ai eu la mauvaise surprise de découvrir que la pilule c’était compliqué. Il y en a, ce n’est pas le problème. Mais ce sont des pilules comme la Diane, celle qui est archi dosée. Ce n’est pas comme chez nous, limite, il y a une pilule pour chaque femme. Là non, si tu veux prendre la pilule, tu fais avec ce qu’on te donne peu importe si c’est bon pour toi.
Dernier point que je trouve assez positif en Asie, c’est qu’on trouve des préservatifs facilement. Je ne sais pas s’ils sont vraiment utilisés (mis à part par les touristes). Mais c’est possible et facile d’en trouver. C’est déjà ça.
Violences faites aux femmes
C’est drôle parce que souvent quand je parle de l’Inde et de mon amour pour ce pays, on me pose des questions sur les femmes. Elles ont mauvaise presse chez nous en occident. On lit souvent des histoires de viols. On lit moins souvent qu’elles ont à faire à des violences d’un autre ordre. Mais à mon sens le plus dramatique dans ce problème, c’est qu’en tant que femme blanche en Inde, je n’ai rien vu. Ca se passe bien discrètement dans le confort de la famille. Elles ne peuvent pas parler! On a vu quelques femmes qui avaient été brulées à l’acide. Elles sont défigurées et elles n’ont plus de place dans la société, vu que leurs maris (et belle famille) les ont brulées pour les faire disparaitre. Dans un autre registre, les viols sont très très souvent passés sous silence parce qu’ils sont considérés comme une honte pour la famille. Donc aller voir les flics ce n’est pas pensable. Au Laos, on a eu à faire à de la violence conjugale aussi. Le patron de la guesthouse qui frappait sa femme enceinte, qui l’abaissait et qui lui parlait comme à un chien.
Donc voilà, pour cette journée internationale des femmes, je voulais vous montrer ce que j’avais pu voir en Asie. J’aurais pu aussi aborder la question de l’accès aux soins, la question du mariage arrangé, la question des personnes battues (homme comme femme). On en a vu beaucoup et le pire c’est que ce n’est que la partie visible de l’Iceberg. Je souhaitais aussi vous montrer la chance qu’on avait d’être femme en France par rapport aux femmes d’Asie parce que parfois j’ai le sentiment que certains et certaines ont tendance à prendre pour acquis certains avantages que nous avons maintenant et pour lesquels d’autres se battent encore.