Quand tu décides de voyager longtemps, tu fais un choix, celui d’être séparé de tes proches pendant un certain nombre de semaines, de mois ou d’années. Avant de partir, on ne se rend pas bien compte de ce que ça implique. On pense au quotidien, mais ça va bien au delà. On n’est pas là pour les moments heureux comme les naissances, ou, pour les moments plus durs, comme les décès. Parce qu’à moins d’être seul de chez seul - ce qui est dans l’absolu rare - on n’y coupe pas, même si on vit à des milliers de kilomètres.
La mort en Asie
Depuis longtemps j’avais envie d’aborder ce sujet.. La culture en Asie est tellement différente de la notre en Europe, la perception de la mort aussi. D’autres cultures, d’autres religions, d’autres croyances! On a commencé avec l’Inde et le Népal qui sont des pays majoritairement hindouistes et en plus on a passé un sacré bout de temps à Varanasi, qui est tout de même The Place to Die en Inde. On en a croisé des cortèges funéraires! Dans le sud de l’Inde, c’est comme une fête avec de la musique, des fleurs, des pétards. Dans le nord, c’est plus sobre, 4 bonhommes qui portent le corps sur une civière rudimentaire et qui scandent des appels à Shiva. On en a vu des buchers… On a eu le temps de parler de réincarnation, de karma et tout ça. Vous saviez que dans l’hindouisme, les femmes ne sont pas conviées à l’incinération? Elles pleurent donc apportent le mauvais oeil sur le défunt. Voilà, voilà, c’était l’info à la con.
Dans le sud est de l’Asie, notamment en Thaïlande et au Laos, ce sont des pays bouddhistes. C’est assez différent de l’hindouisme. Là aussi il y a des procession, mais elles sont plus sobres. Moins de fleurs, moins de cadavres visibles puisqu’ils sont dans des cercueils énormes et très décorés. Il y a quelques semaines, je suis tombée sur une procession funéraire à Luang Prabang, là aussi il n’y avait que des hommes autour du cercueil qui se trouvait sur une remorque. (Vu la taille du truc, c’est impossible à porter!). En revanche, les femmes suivaient dans les voitures composant le cortège. Tous étaient habillés en blanc. Je sais que chez les hindous, ça ne traine pas. En 24 heures, le défunt est incinéré. Je ne sais pas si c’est la même chose chez les bouddhistes. Ce qui est sûr, c’est que dans ces deux religions, il y a une veillée funéraire, pas comme chez nous hein, là, en Asie, tout le monde est présent, H24 à côté du défunt.
On a évidemment côtoyer d’autres religions, notamment en Malaisie ou en Inde mais pour tout vous dire, on n’a pas eu l’occasion de voir ce type de rites - ou pas assez pour que je puisse vous en parler. Il y a aussi le cas de l’animisme pratiqué par certaines ethnies ici - c’est complètement fascinant mais je ne maitrise vraiment pas assez le sujet pour vous en parler.
Le deuil en voyage
Comme je vous le disais en introduction, la mort fait malheureusement partie de notre voyage, il n’y a pas de raison qu’on y coupe. Quand on s’est retrouvé devant nos premières crémations, on en a pas mal parlé avec Flo. On a eu aussi des personnes qui ont composé notre voyage qui sont décédées, comme le fils de notre propriétaire de Varanasi ou le tatoueur de Flo à Chiang Mai. Tous les deux ont eu un accident de moto, c’est fréquent ici. Et puis, il y a les décès qui surviennent en France. Dans mes dernières chroniques nomades, je vous parlais du décès de ma grand-mère, qui était inévitable. Et il n’y a pas eu de chroniques nomades en juin, parce que mon mois de juin était trop teinté de morts: c’était l’anniversaire du décès de ma mère - 20 ans tout de même. C’était aussi l’anniversaire de décès de la marraine de Flo. Et il y a eu le suicide de mon cousin, dont j’étais proche. Contrairement à ma grand-mère, le décès de mon cousin m’affecte grandement. J’ai eu du bol d’apprendre le suicide de mon cousin alors que j’étais au Laos, dans la même pièce que mon frangin. C’est con, mais en voyage, c’est un luxe d’être en famille surtout dans des moments comme celui-là. En revanche, c’est très frustrant de se trouver à des milliers de kilomètres de ma tante et mon oncle. J’aurais tellement aimé les serrer dans mes bras. (Et c’est toujours le cas!). Antoine avait prévu de rentrer déjà à ce moment là, donc il a pu être présent pour ma famille. Moi, en revanche, je n’ai pas la possibilité de rentrer et honnêtement, je ne souhaite pas rentrer uniquement pour un décès. C’est un choix qui était assez clair dans mon esprit quand on est parti. N’empêche que la mort ne nous épargne pas, malgré les milliers de kilomètres qui nous séparent de la France.
Si tu tombes sur cet article, que tu es en voyage et que tu viens d’apprendre un décès, je suis désolée. Si tu cherches des solutions, voilà les miennes: Je marche beaucoup et je médite en marchant (je pense à mes proches, je prends conscience toujours un peu plus que nous ne sommes pas immourables, je me souviens…) et je vais au cimetière. Déjà en France je n’avais pas besoin d’aller dans le bon cimetière pour me recueillir, donc je continue ici. Bon j’avoue que j’aime vraiment visiter les cimetières (ouais je suis cheloue, mais ce sont des lieux apaisants). Passons, je vais au cimetière même en Asie et je me recueille. C’est pas plus con que d’aller dans un temple, surtout quand on est agnostique. Et que ce soit en Inde ou en Asie du Sud Est, vous trouverez des cimetières. Toutes les religions ici ne pratiquent pas l’incinération. Les muslims, les cathos, les feujs ont des cimetières. Il y a aussi les chinois et les viet (je crois) qui ont des cimetières. Et dans les villes anciennes au passé colonial (comme Pondy ou Georgetown) il y a de vieux cimetières coloniaux, magnifiques à visiter d’ailleurs!
Voilà, voilà. Je sais que ce billet ne respire pas la joie de vivre. Manque de pot, le deuil fait partie de la vie inexorablement et les gens n’attendent pas notre retour pour passer l’arme à gauche. Il me semblait important d’en parler, parce que mon but sur le blog est de vous montrer comment se passe notre vie nomade, dans les bons moments, dans les instants de galère et dans les moments merdiques. Et si vous prévoyez aussi de vous casser pour un temps indéterminé loin de chez vous, je pense que la question de la mort devrait être pensée. Voilà, voilà! Promis la semaine prochaine je vous propose un article plus sympa quant à notre vie en Asie!
bonjour, je comprends très bien tout ce que vous écrivez sur la mort ; vous avez réussi à très bien décrire votre ressenti ; bonne continuation dans votre tres beau voyage!