Ca faisait longtemps qu'on n'avait pas découvert un nouveau pays, près d'un an avec le Sri Lanka. Entre temps, on a fait des coins qu'on connaissait sauf Kanchanaburi, qu'on a découvert avec beaucoup de plaisir il y a quelques mois. Bon, ça reste la Thaïlande, ce qui a rendu la découverte assez facile. Fin 2019 - début 2020 , on est parti en Indonésie et plus précisément sur l'île de Sumatra. On avait entendu beaucoup de bien de l'île de Samosir qui est une île dans un lac dans un cratère vieux de plus de 70 000 ans. On s'est donc dit que ce serait cool pour y passer quelques semaines.
Notre trajet depuis Kuala Lumpur jusqu'à Tuktuk
Ce n'est pas le plus long trajet qu'on a pu faire et c'était bien. On est parti tôt de notre guesthouse à Kuala, à pied vers la gare routière. Une petite heure de bus jusqu'à l'aéroport. Pas de bagages à enregistrer, ce qui va vite. On a laissé nos gros sacs à Kuala en lieu sûr. Quelques heures à glander pour une petite heure d'avion et on est arrivé à Silangit, un tout petit aéroport international. On a pris un bus et on a attendu bien 2 heures avant qu'il se mette à rouler. Bon pour 20 000 roupies / tête on n'allait pas faire la fine bouche. On a roulé une bonne partie de l'après-midi. Sur la fin on a pris tous ensemble comme des sardines une sorte de taxi jusqu'au ferry. La traversée n'est pas longue, elle nous a couté 15 000 roupies / tête je crois. Et le ferry nous a déposé à la guesthouse. Il a fait nuit rapidement après tout ça.
Petite note si vous passez par l'aéroport de Silangit: Il y a des ATM mais il n'y a pas de bureaux de change. On a attendu d'être à Parapat pour faire du change au seul bureau près du ferry. Du coup, si vous devez changer de l'argent faites le avant de partir. Surtout que l'agent de change a fait la fine bouche en voyant mes ringitts. Visiblement, ça vend moins du rêve que des dollars ou des euros. Passons!
Tuktuk - Ce n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais
Je ne m'attendais pas du tout à ce qu'on a trouvé à Tuktuk. Daniel qu'on a croisé à Chiang Mai une paire de fois avait l'habitude de venir à Tuktuk avant de se faire refouler à la frontière. (Il avait un peu trop l'habitude de venir visiblement...) Il nous avait expliqué que c'était une ancienne station touristique et que depuis les années 2000 elle était désertée. Je m'étais alors imaginé un village un peu roots avec une pauvre guesthouse ayant du wifi, deux boubouis en guise de restaurants et surtout une paix royale avec vue sur le lac. La vue sur le lac est magnifique. Je pense que je pourrais passer des heures à regarder les nuages passer au dessus du haut du cratère. C'est super kiffant.
En revanche, pour le reste, ce n'était pas ce que j'avais espéré. Ca reste un lieu à touristes. Il n'y en a pas tant que ça, mais c'est blindé d'hôtels et de guesthouses dans des maisons traditionnelles. Et ça nous a fait penser au Népal ou au Laos. "Oh tient des blancs, on va faire en sorte de les plumer le plus possible". Mais j'y reviens après. Je crois que ce qui m'a le plus emmerdée, c'est l'absence de calme.Tu aurais vu ma tête le premier matin quand je me suis fait réveillée par le bruit des jets ski et les touristes sur une banane en train de hurler alors qu'un bateau les tire.... Ouais, ouais, la tranquillité, on a pu s'asseoir dessus. (Petite note, c'est devenu un poil plus calme après la fin de la saison (la fin des vacances scolaires) mais ce n'était pas archi calme comme on a pu le vivre à Kanchanaburi ou à Nong Khiaw).
Le touriste cette pompe à fric. J'ai l'impression qu'ils aiment trop l'argent. On a eu la bonne surprise à la fin du séjour quant au tarif de notre seconde piaule. C'était un placard à balais mais on est content de ne pas l'avoir payé si cher ce placard. (50 000 au lieu des 150 000 annoncés au début). Heureusement c'était propre. Pour la bouffe on a trouvé LE restau qui nous a servi de cantine. La carte on la connait par coeur. Les prix étaient ok, plus cher qu'à Kuala ou même en Thaïlande, mais c'était bon et beau. Il faut compter entre 25 et 50 000 pour manger local et ce n'est pas si copieux. J'ai passé mon temps à crever la dalle et pas de brochettes à grignoter ou quoi que ce soit d'autre. J'ai préféré me passer des chips industrielles... Eventuellement pour un nasi goreng (riz frit), ça peut descendre sous la barre des 20 000 mais ce n'est pas le meilleur truc qu'on ait mangé.
Mais le mieux c'était les clopes. On n'a toujours pas compris pourquoi on payait 5 000 voire plus par rapport au prix indiqué. Et ils fonctionnent tous de cette manière, même sur les clopes locales que Flo fume. Perso, les clopes au clou de girofle, je ne peux pas, mais Flo fume ça depuis plus d'un an. Bref, sur chaque paquet de clope il y a une taxe à la con. Et puis, ils essayent pour la plupart de te vendre du massage, du scooter, de la visite guidée... Bref, ils pensent avoir flairer le poisson et ils essayent de le remonter un max. Sauf qu'en se faisant enfler sur un paquet de clopes, on n'avait pas non plus envie de se faire enfler sur le reste. Idem pour la guestthouse, les premiers jours on a fait le tour des guesthouses du coin. Le pire c'était un hébergement qui était sur Air BnB, sur le web en restant "longtemps" ça pouvait être intéressant. Quand on lui a demandé le prix de sa chambre en IRL, elle m'a demandé un tiers de plus que le prix sans la réduc Air BnB. Elle nous a revu mais de loin du coup!
(Si vous avez lu le bouquin Mange, Prie, Aime dans la 3ème partie, il est question des indonésiens et de leur rapport à l'argent. Ce qu'écrit l'auteur est assez proche de la réalité au final. "Il faut que tu comprennes comment les gens réfléchissent ici. Essayer de soutirer le plus d'argent possible aux visiteurs est pour eux un mode de vie. C'est comme ça que chacun survit. (...) Pour ce qu'elle en voit, tu es la bienfaitrice miraculeuse, et cela pourrait être sa dernière chance de pouvoir se la couler douce. Elle veut obtenir de toi tout ce qu'elle peut avant que tu ne disparaisses." extrait du chapitre 106)
La culture Batak sur l'île de Samosir
Impossible de louper ces maisons à l'allure si particulière. Pour beaucoup, ce serait synonyme de vacances. Sur l'île c'est surtout un exemple du patrimoine Batak. Alors pour faire simple, les Batak sont une ethnie de l'île de Sumatra. Elle est composée de 6 clans dont les Batak Toba - lac Toba tu vois le lien? C'est le clan autour du lac Toba et sur l'île de Samosir. Ils ont leur propre langue qui est très différente des langues indo-européenne puisque c'est un système qui représente les phonèmes (les sons). Son apparence est vraiment sympa. C'est une écriture qui semble vachement simple - n'oublions pas qu'on a passé du temps en Inde et le Tamil reste un grand mystère. (Je sais lire chai et Om en Tamil, c'est déjà ça de pris). Bref, donc de la culture Batak, ce qui saute aux yeux, ce sont les maisons si particulière, l'écriture, mais pas uniquement. Je fais simple au niveau de la langue, Flo me répète souvent qu'il n'y a que moi que ça intéresse. (Bon, il dit ça de manière moins sympa... mais c'est l'idée!)
Les Batak sont majoritairement protestants alors que l'Indonésie est majoritairement musulman. On a donc pu croiser quelques églises mais qui ne cassent pas 3 pattes à un canard. On a clairement préféré le sanctuaire animiste croisé lors de l'une de nos balades. Des statues dans de la roche volcanique. Ce qui était intéressant, c'est qu'il y avait quelques offrandes sur le site, du coup, on peut en conclure que c'est encore une pratique et un système de croyances vivants à notre époque.
Enfin, cette culture est aussi connue pour le Ulos, ce n'est pas un alcool local (ça c'est le tuak de l'alcool de palmier), non le Ulos c'est un tissus tissé. Je suis désolée, je vais faire la fille un peu blasée, mais bon, y'a rien d'exceptionnel. On a eu l'occasion plus d'une fois de voir du tissage. Il y a juste deux choses qui me viennent à l'esprit à propos de ce tissus. La première c'est qu'elle est à dominante rouge. Pourquoi? Si je trouve, je vous le dirai! Et on a pu remarquer certains motifs qui ressemblaient pas mal à des motifs qu'on a croisés au Laos. L'ex de mon frère qui venait du sud du Laos utilisait cette technique, comme du morse mais en tissage. Et on a retrouvé ça sur quelques tissus. Bon moi qui pensait pouvoir faire mon paréo moi même, c'est un peu foutu.
Si tout ça vous intéresse, il y a le chouette article de Détours des Mondes qui revient sur une partie de l'histoire de Tuktuk et l'article de Invitation au voyage qui montre un peu plus la culture contemporaine Batak.
Comme pendant notre séjour à Tuktuk j'ai eu une espèce de grippe carabinée, on a fait l'impasse sur la visite du musée et d'autres trucs culturels. Je ressemblais à un zombi, j'avais perdu pas mal de kilos et je n'avais pas des masses de forces donc on a préféré faire soft sur les balades. (Je ne sais toujours pas si je préfère avoir la tourista ou la grippe... Pas la même douleur mais rien de très agréable pour autant! Non en fait je préfère cette grippe à la tourista.) Bref, les sorties culturelles et la découverte qui est associée n'a pas été ma priorité. Non ma priorité a été de ne pas tomber dans les vapes quand j'allais aux toilettes!
[Note après rédaction et après avoir reporté une paire de fois cet article] J'ai quand même des sacrés doutes sur la maladie que j'ai eue là-bas. C'était début janvier, on ne parlait pas de Coronavirus. D'ailleurs, on a commencé à en entendre parler la veille de notre départ d'Indonésie. Maintenant (avril) qu'il y a eu des cas en France et que les gens expliquent leurs symptômes, je pense à 95% avoir eu le virus. J'ai eu des répercutions sur plusieurs semaines dont une baisse très forte d'hormones. C'est comme si le Lévothyrox que j'avais avalé pendant la quinzaine de jours n'avait pas existé dans mon organisme. Ca fait des années que je n'avais pas été en hypothroïdie de cette manière. (Le lévo met environs 6 semaines à "agir" du coup c'est une répercussion à retardement). Ca a déglingué mon cycle menstruel aussi pendant un bon 2 mois. Ca, en plus des autres symptômes dont on entend parler. J'ai eu une discussion avec un copain qui a le corornavirus en France, il y a très peu de doutes sur ce que j'ai eu... Je vous rassure, maintenant, tout est à peu près rentré dans l'ordre.
Bilan de notre séjour et départ de l'île de Samosir
Le bilan est un peu mitigé. On ne s'attendait vraiment pas à ça. La fameuse île perdue et plus touristique depuis 20 ans est encore bel et bien touristique. Et pas nécessairement pour les backpackers. Beaucoup de vieux allemands à la retraite. Ca fait très station balnéaire, avec de beaux hôtels et un manque cruel d'authenticité. C'est très joli quand on aime la nature, c'est le point fort. La nuit, ça peut être relativement calme s'il n'y a personne qui fait un karaoké. C'est à peu près tout.
On est parti de Samosir la veille de notre vol retour. On est en Asie, avoir des infos sur le web sur les transports en Indonésie c'est la mission. Et je n'aurais pas aimé louper mon avion pour 10 minutes de retard. J'ai préféré qu'on joue la sécurité. On a pris le bateau pour quitter l'île (ce n'est pas rapide mais c'est hyper joli). On est allé à Parapat, la ville en face sur la terre ferme et les gens étaient bien plus détendus. (Ca aussi on avait prévu d'y aller pour se promener mais la grippe nous a fait revoir nos projets.) J'étais très faible. Je n'avais pas mangé depuis 2 ou 3 jours et je vous passe d'autres détails glamour qui faisaient que je n'étais pas en forme. Flo a voulu qu'on aille à la gare routière à pied. J'en ai chié et quand j'ai vu une montée, je me suis mise à chouiner. Le combo plein soleil + rien dans l'estomac + aucune force a eu raison de moi. On a fini par chopper un taxi. Ce n'était même pas une question de prix c'est que près du bateau à Parapat, c'est tellement le bordel qu'on avait choisi la facilité d'utiliser nos pieds. Le taxi, c'est très bien! Il nous a déposé devant un "bureau" pour les touristes à la gare routière. Ouais, non. Le gars du bureau nous a envoyé à l'extérieur de la gare. On trouve ce qui ressemble à un bureau de ligne de bus. La demoiselle était super gentille et elle nous a orientés vers le vrai point de bus qui nous intéressait. Une tonnelle décrépie, un gars qui attend, aucune indication. On était à des années lumières de pouvoir imaginer qu'il fallait s'arrêter là. Le gars parlait peu anglais et il s'est avéré qu'il bossait pour la compagnie de transport. Il a arrêté un premier mini-van mais faute de se comprendre, on a préféré attendre et prendre le suivant. Même pas le temps de finir ma clope qu'un autre mini-van arrivait. Avec du charabia, Flo qui finit par dire où on va parce que je prononce mal le nom du bled (c'est l'une de mes spécialités la prononciation approximative et à la française des bleds), on a fini par tous se comprendre et on a grimpé dans le "mini-van".
Ce min-van était sans aucun doute le plus trash qu'on ait eu jusqu'à présent mais aussi le plus confortable. Ouais, ouais, les 2 en même temps sont possibles. Les amortisseurs devaient être vendus en option. Ca, on a l'habitude. Du coup, à chaque bosse / trou / coup de frein les fenêtres de van s'ouvraient petit à petit. Le chauffeur fumaient des Surya (les clopes au clou de girofle) comme un pompier. On aurait pu fumer dans le van et même si je suis une grosse fumeuse, il m'a passé l'envie de m'en allumer une. Ca c'était la partie trash. La partie confort c'est qu'il y avait de la place, vraiment. On n'était pas les un sur les autres comme dans les mini-vans en Thaïlande. On pouvait aussi allonger nos sièges sans écraser celui de derrière. Et tout le monde dans le mini-van a été adorable. On avait dit qu'on allait à l'aéroport, en réalité, on s'arrêtait un peu avant à l'hôtel. Quand il a dépassé l'hôtel, on lui a demandé de s'arrêter. Ca ne nous posait aucun soucis de faire quelques minutes de marche. Mais le chauffeur a fait demi-tour et nous a déposé devant la porte de l'hôtel. Et tout le monde dans le van a essayé de traduire l'anglais selon ses capacités. De l'extérieur, ça peut sembler un peu n'importe quoi. Mais de notre point de vue, on a vraiment apprécié ces petits détails. Cerise sur le gâteau, il nous a fait payer le vrai prix sans taxe je-vais-plumer-les-blancs. La nana de la guesthouse à Tuktuk nous avait prévenus que souvent le prix est presque doublé pour les touristes. Mais là non! Le soir, je ne suis pas allée manger, j'étais encore patraque. Flo, lui, est revenu du restau avec des étoiles dans les yeux. Il a fait son meilleur repas du séjour dans un routier en face de l'hôtel. Il a adoré. Entre le trajet en min-van et le repas qui met des étoiles dans les yeux, ça montre que l'Indonésie vaut clairement le coup d'être découverte et qu'il ne faut pas s'arrêter à notre expérience de Tuktuk qui ne correspondait pas à nos attentes. On n'a pas rayer de la carte ce pays à cause de Tuktuk et on sait qu'on retournera à Sumatra pour voir autre chose.
A propos des transports à Sumatra
Il y a peu d'informations sur Internet quant aux transports à Sumatra et en Indonésie en général. Si vous avez les moyens, le taxi est une solution facile. Il y en a partout ou presque. Si vous avez un budget plus serré, il y a les transports en commun. Je l'ai évoqué plus haut, on a pris un bus gouvernemental pour l'aller (Silangit / Parapat). 20 000 roupies indonésiennes chacun, 3 ou 4 heures de trajet avec la clim. Le seul hic c'est qu'on a attendu très longtemps pour je ne sais quelle raison que le bus démarre. Pour le trajet entre Parapat et Tuktuk, c'est en bateau. 15 000 roupies par personne, une jolie promenade. Et le bateau s'arrête devant la guesthouse que vous avez réservé. Pour le retour, on est parti en mini-van. Ca nous a couté 60 000 roupies chacun. 2 heures passées de route. J'ai oublié le nom de la compagnie de mini-van. Ils sont blancs, tout pourris. Mais ils sont efficace et visiblement, il y en a régulièrement toute la journée. Ca ressemble à des transports gouvernementaux. Et on était les seuls blancs à bord. Même s'il y a un manque évident d'informations sur internet à propos du réseau de transports sur l'île de Sumatra, le réseau existe. Il faut juste ne pas être trop sur les nerfs et avoir confiance. Comme je l'ai écrit plus haut, on a préféré jouer la carte de la sécurité et partir de Tuktuk la veille pour rejoindre l'aéroport, quitte à passer une nuit dans un hôtel Oyo.
Voilà, voilà pour notre séjour à Tuktuk et notre première rencontre avec l'Indonésie. Si vous envisagez d'y passer des vacances, c'est un lieu parfait. Si comme nous, vous voyagez sur du plus long terme et que vous cherchez l'authenticité, vous serez peut-être déçu.
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