Cette semaine a été marquée par le début du dé-confinement. C'était LA date alors qu'en fait le dé-confinement était déjà amorcé depuis quelques temps déjà. Après la période du tous-chez-soi-pour-éviter-de-tomber-malade vous allez entrer dans une période de vous-avez-le-droit-de-sortir-à-vos-risques-et-périls. Plus sérieusement, je sais que certains d'entre vous ne se réjouissent pas du dé-confinement pour moult raisons. Et si, cette période un peu singulière, était le moment d'opérer quelques changements de manière durable dans votre quotidien?
Retour sur le négatif / positif du confinement d'un point de vue slow
Parce qu'avant le dé-confinement, il y a eu le confinement... Il est impossible de l'occulter et donc de ne pas en parler!
Les points négatifs du confinement vers un mode de vie plus slow
De là où je suis, j'ai vu le confinement français avec beaucoup de recul (entre 9000 et 10 000km). Cette période de confinement était une bonne excuse pour lever le pied et pour découvrir comment vivre de manière plus slow pour certain. Ce qui est dommage, c'est que cela vous a été imposé. Ce n'était pas un choix de votre part de stopper le travail ou de travailler à la maison, de garder les enfants 7/7j, d'acheter moins et de vous demander ce qui était essentiel dans votre quotidien. Et perso, je doute que tout cela soit pérenne parce que justement cela vous a été imposé. C'est un peu comme si on m'imposait d'arrêter la clope du jour au lendemain, alors que je fume un paquet par jour. Tu peux toujours essayer de m'imposer ça. Les résultats ne seront pas ceux attendus et il y a fort à parier que je continuerai à fumer!
En plus du fait que vous n'ayez pas eu le choix, le confinement vous a obligé de ralentir - tout ralentir - trop brusquement. Rapidité et slow, c'est antinomique la plupart du temps. Cette situation dans les premières semaines a du être difficile pour certains, sans parler du climat anxiogène qui vous a été imposé par le gouvernement et les médias. Revenons à cette brusquerie liée au confinement. Il vous a fallu stopper toutes vos habitudes très vite, sans avoir le temps de réfléchir. Trop vite + tout votre quotidien = trop de superlatif, trop d'intensité pour que ce soit réellement slow. Je ne crois pas que la rapidité soit une alliée dans cette démarche de moins mais mieux. On peut avoir une prise de conscience qui dure quelques instants mais le changement se fait sur le long terme. 2 mois, c'est une goute d'eau dans l'océan.
Les points positifs du confinement pour un quotidien plus slow
Il n'y a pas eu que du négatif dans cette période de confinement. Je l'espère pour vous. L'humain a une capacité qui s'appelle la résilience (la résilience n'est pas qu'une opération militaire lancée par Macron!). Et cette résilience vous permet de sortir de l'adversité et de grandir. Boris Cyrulnik, un neuropsychiatre français, a souvent abordé la résilience dans ses travaux et bouquins. En gros, en très gros, la résilience c'est notre manière de sortir d'une situation douloureuse, le deuil par exemple. Ce qui est génial aussi chez l'humain, c'est qu'il n'a pas nécessairement besoin d'intellectualiser le concept pour être résilient. Sans être une spécialiste de la psychiatrie, je crois que cette période de pandémie et de confinement a été propice à la résilience, dans le sens où vous avez surmonté un changement radical dans votre quotidien, vous avez surmonté la sur-médiatisation de la "crise". Au final, j'espère que vous avez trouvé midi à votre porte pendant ces 2 mois de confinement.
Et en parlant des avantages de cette période, j'espère que vous avez réussi à en prendre conscience. Je ne suis pas confinée, je suis juste bloquée en Thaïlande, je suis déjà très slow dans mon quotidien, du coup, je ne peux qu'imaginer les avantages que vous avez eus à rester à la maison. (Ma situation en Thaïlande n'a fait que me conforter dans mes choix de vie et au final mon quotidien n'a que très très peu changé avec la pandémie.) En vrac, en ayant parler avec mes ami(e)s en France, voilà ce qui revient le plus souvent dans les aspects positifs du confinement:
- Avoir passé du temps de qualité avec les enfants
- S'être coupé des gens qui ne voulaient pas que du bien
- Avoir eu le temps de cuisiner
- Avoir eu le temps de profiter du jardin / de jardiner / de passer du temps en famille à l'extérieur sans quitter la maison
- Avoir eu l'opportunité de voir son conjoint / sa conjointe différemment
- Apprécier les petites choses qui changent dans le quotidien (un coup de fil par exemple)
- Avoir pris conscience de ce qui vous manquait et vous plaisait vraiment avant (une balade en voiture, en moto, à la plage par exemple...)
Et le point le plus flagrant et qu'on ne voit pas nécessairement, c'est que tout le monde a su s'adapter, même si ça semblait difficile. C'est intéressant de le mettre en avant parce que souvent quand on aimerait changer, on se met un frein en se disant à tort qu'on ne va pas y arriver. Le confinement vous a montré par A + B que vous étiez capable de vivre différemment.
Un dé-confinement slow est-il possible?
Même si vous avez vu que vous pouviez vivre de manière différente, est-ce que cela va se pérenniser? Est-ce que lever le pied n'aura été qu'une pause dans votre quotidien ou allez vous tâcher de perpétuer cette dynamique pendant les semaines à venir?
Un dé-confinement slow est nécessaire
En quoi le dé-confinement doit être nécessairement slow? La réponse me semble évidente, mais ça ne me coute rien de le rappeler... Histoire d'éviter que tout le monde soit malade en même temps et faire exploser les services hospitaliers qui ont été malmenés par des années de libéralisme, il faut y aller en douceur et ne pas reprendre ses habitudes sans réfléchir.
C'est un peu comme si vous essayiez de sortir de chez vous à poil alors qu'il y a un mètre de neige. Ouais, la comparaison est étonnante mais vous étiez confortablement installé(e) chez vous, avec un rythme plus naturel et plus slow. Re-sortir comme si de rien était risque d'être un choc. Plus de fatigue, plus d'irritabilité. Y aller mollo quand c'est possible me semble plus adapté. C'est un peu comme si vous aviez fait de la plongée, il y a des stades de décompression pour remonter à la surface sainement. Le dé-confinement c'est same same.
Attentes et réalité pour un dé-confinement slow
Le soucis c'est qu'entre la volonté de se dé-confiner doucement mais sûrement et la réalité, il y a parfois un grand et vaste fossé. Et cela en plus ne dépend pas nécessairement de vous. (Je me dis que si vous êtes en train de lire cet article, c'est que 1/ vous avez déjà un mode de vie slow 2/ vous êtes déjà convaincu(e) qu'un truc doit changer dans votre quotidien. Et je pense sérieusement que les personnes ultra-libérales-capitalistes ne viendront pas sur cet article de leur plein grès).
Il y a quelques semaines, il y a eu un tas d'articles sur le monde d'après. On aurait dit que c'était un titre de film de science fiction. Des attentes pour un monde meilleur, il y en a. Et même si l'utopiste qui est en moi aimerait croire à un nouveau monde post-confinement, je suis aussi archi-blasée et je doute que le changement se fasse réellement. Je suis septique pour plusieurs raisons. Je ne pense pas que les gens sachent réellement ce qu'implique un changement durable (parce que ouais changer de monde tout en gardant ses habitudes et son confort, ça ne colle pas!). Cette volonté d'un monde différent n'est pas portée par les gouvernements et comme ils ont encore beaucoup (trop) de pouvoir, le changement doit aussi passer par eux. (J'ai plus de chances de devenir un homme que de voir le gouvernement de Macron / Philippe devenir écolo et slow!)
Trouver un équilibre pour un dé-confinement et un après plus slow
Mais si on laisse ces gens dans les hautes sphères dans lesquelles ils se trouvent. Un dé-confinement slow n'est pas impossible, du moins, si vous le voulez vraiment. Ces derniers jours, je me suis demandée comment la vie de mes proches allait être différente pendant le dé-confinement.
Il y a bien entendu la question du boulot qui se pose. Même si je suis certaine que vous arriveriez à bien vivre sans travailler tout en gardant votre salaire, ce n'est pas imaginable. (Ouais la question du revenu universel pourrait être une solution, mais cela impliquerait un montant probablement différent de celui de votre salaire... soit un gros changement!) Cet équilibre slow au boulot pourrait être un article à part entière. Il y a tellement de manière d'être slow au travail. Perso, je connais bien le télé-travail, ça fait des années que je bosse de cette manière. Et je suis étonnée qu'il n'y ait pas eu plus de retentissements médiatiques sur la solitude du télé-travailleur. Entre bosser chez soi seul(e) et bosser avec des collègues et pouvoir boire un café avec eux tous les jours, c'est un grand changement au niveau sociabilité. Et là, je pense qu'un équilibre peut-être trouvé entre le travail à domicile et le plaisir de retrouver les collègues qu'on apprécie. (C'est en partie pour cela que les espaces de co-working ont tant la côte!) Comment feriez-vous dans un monde idéal pour que votre activité professionnelle soit plus slow?
Le dé-confinement, ça ne se passe pas qu'avec le boulot. Il y a aussi la consommation. Est-ce que vous avez prévu dans les semaines à venir de consommer moins mais mieux? Est-ce qu'il y a des choses que vous achetez en temps normal qui vous ont manqué pendant le confinement? J'ai un peu peur que cela fasse l'effet régime dans les semaines à venir. Les gens se sont privés pendant 2 mois, ils vont se lâcher sans commune mesure pendant le dé-confinement. Pour moi, c'est un gros What The Fuck parce que j'ai déjà fait ce travail de ce qui était essentiel à mon bien être et dans mon quotidien. Je ne comprends pas trop pourquoi les gens trouvent bons d'acheter à tout bout de champs. Je suis dubitative quand je vois sur les réseaux sociaux des photos prises devant Action ou Leroy Merlin et où il y a des files d'attente du diable pour entrer dans les magasins. Je suis convaincue qu'il y a un équilibre à trouver dans la consommation en période de dé-confinement...
Et puis, cette question d'équilibre, elle peut aussi se poser dans notre rapport à l'autre. Mes amies me font tripper quand elles disent haut et fort qu'elles sont contentes de n'avoir vu personne en 2 mois. (Elles savent qu'elles peuvent m'en parler, je ne suis pas des plus sociales comme fille!) Ce type de réactions montre bien qu'avant, l'équilibre humain dans lequel vivaient mes amies ne leur convenait pas. Alors comment trouver un équilibre avec les autres en cette période post-confinement? C'est une question que je me pose souvent sans avoir attendue une pandémie. Je suis un minimum polie et respectueuse avec les gens que je n'encaisse pas. Je ne fonctionne pas en miroir, du moins j'essaye. Le miroir voudrait dire être aussi conne que la personne en face de moi, c'est un jeu sans fin. Mettre de la distance avec les gens est une solution. Elle n'est pas souvent comprise mais j'apprécie le fait d'être seule. Il y a un équilibre entre distance et présence. Il y a quelques semaines, dans mon article à propos du gain de temps, j'expliquais que j'étais mono-tâche. On s'y retrouve, dans ma relation à l'autre. Je ne suis pas tout le temps dispo pour les autres, mais quand je me rends dispo, je le suis vraiment. Je ne me rends pas dispo pour tout le monde et je refuse de donner de mon temps ou de mon énergie juste parce que c'est ce qui est attendu / conventionnel. Je peux vous assurer que ça n'est pas souvent compris mais ça me permet d'être mieux dans mes pompes dans mes sandalettes.
Ce que j'aimerai sincèrement vous dire pour les semaines et mois à venir
Pour conclure cet article, je voulais vous passer un message, message qui est généralement en filigrane dans mes articles lifestyle sur le blog. N'ayez pas peur.
N'ayez pas peur d'une 2ème vague parce que si elle arrive, ce ne sera probablement pas de votre faute. Vous n'avez que très peu d'emprise sur la pandémie même si on tente de vous faire croire le contraire. Vous pouvez bien entendu prendre soin de vous, remettre en question certaines habitudes pour prendre plus soin de vos proches et de vous. Mais je ne peux pas décemment vous souhaitez de vivre dans la peur de l'autre. Dieu sait que je n'aime pas trop les gens pourtant je n'en ai pas spécialement peur. Le peur de l'autre vous enlève une part d'humanité. Souvenez-vous quand les gens avaient peur en vrac des étrangers / des noirs / des juifs / des homos / des migrants... Je ne vois pas beaucoup de différences entre ceux qui pointaient du doigt les homos de ceux qui pointent du doigt les gens "inconscients" qui sortent dans la rue.
N'ayez pas peur d'être confiné à nouveau. Vous avez survécu au premier confinement. Vous survivrez probablement à un deuxième ou un troisième confinement. Et je peux vous assurer que ce sera plus facile si ça venait à se reproduire. Il n'y aura plus l'effet de nouveauté avec tout l'inconnu qui va avec.
N'ayez pas peur de la maladie ou de la mort. Parce que c'est ça le truc avec le Coronavirus, c'est que ça a remis en perspective le fait d'être malade ou le fait d'être mortel(le). La maladie peut vous frapper à tout moment sans que vous ne vous en doutiez et sans que vous puissiez vous en prémunir. J'ai pas eu le choix il y a un peu moins de 10 ans d'avoir un cancer. C'est un des trucs où l'on a aucune emprise pour se protéger. La mort aussi. La société occidentale a tendance à vous faire occulter qu'un jour vous allez mourir et qu'en plus vous ne serez pas averti avec une lettre recommandée avec accusé de réception. Avoir conscience qu'on va mourir ne signifie pas nécessairement qu'on a envie de passer l'arme à gauche. C'est juste une manière différente de voir la chance qu'on a au présent, une autre perspective. Je n'ai pas spécialement envie de claquer mais je sais que je vais y passer un jour et du coup, ce que je vis n'a pas la même saveur. Je n'ai pas envie de gâcher mon temps.
Enfin, n'ayez pas peur de ce que l'avenir vous réserve. Je ne suis pas médium, vous non plus. Ce qui est certain c'est que l'avenir sera teinté de coups durs comme de bons moments. La pandémie n'a aucune influence là dessus. En revanche, vivre dans l'angoisse, je l'ai vécu pendant plusieurs années et j'ai fini sous anti-dépresseurs. S'inquiéter du futur, de ce qui pourrait se passer n'est pas sain. Avoir confiance en votre capacité à faire face l'est déjà plus.
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