L'art de vivre slow commence à intéresser les gens. Je trouve ça chouette à plus d'un titre. D'un côté, je me sens moins seule, c'est quand même cool de se rendre compte que je ne suis pas complètement à côté de la plaque. Cet intérêt grandissant montre aussi que certaines personnes n'adhérent pas aux valeurs qui ont été véhiculées par la société, ça montre du coup qu'il y a une faille dans la matrice et que tout ne doit pas être vécu très vite avant que la mort nous arrache à cette vie pour laquelle on a trimé. Ca laisse croire à une lueur d'espoir. Le monde n'est pas nécessairement foutu parce qu'il est peuplé de cons. Y'a des gens bien aussi! Youpi! Bref, ça fait maintenant plusieurs années que je vous parle de ma démarche, de mes questionnements autour du mode de vie slow. Et aujourd'hui, j'ai eu envie de revenir sur les idées reçues / ou pas autour de cette thématique.
L'art de vivre slow (et le minimalisme) comme argument commercial → Vrai
De nos jours tout sert à vendre, l'argument slow ou l'argument minimaliste n'y coupent pas. C'est un des revers de l'intérêt grandissant des gens face à ce art de vivre alternatif. On va forcément essayer de vous vendre des trucs dont vous n'avez pas nécessairement besoin. C'est le jeu d'une société capitaliste où le crédo est de nous faire croire que le bonheur passe par l'achat. Alors, ce point est très antithétique, je suis d'accord. C'est con de vendre plus quand on prône le avoir moins. C'est un des pièges du mouvement slow dans la société. Le consommateur doit rester alerte pour qu'on ne le prenne pas pour un jambon à chaque pages de sites visités. On va vous vendre des rangements magiques qui feront disparaitre en théorie votre bordel, sauf que la théorie ne s'applique pas chez vous. On va vous vendre des heures de coaching pour apprendre à être plus heureux avec moins. En revanche, il y a un truc qui ne se vend pas ou qui ne se coache pas: c'est le regard qu'on apprend à porter sur le monde qui nous entoure. Ce n'est pas qu'une question d'objets et de possessions. Il y a aussi la manière dont tout nous entoure. Il y a la rapidité où l'on nous demande d'agir... Et j'en passe. Avant d'être quelque chose de vendable, l'art de vivre slow est une remise en question. Ca ne se vend pas, ça!
Ca coute cher d'adopter un rythme slow → Faux
Normalement, ce n'est pas qu'une question de pognon. Ca peut vous coûter cher si vous décidez de changer toute votre garde robe pour des habits produits localement avec des tissus bio. Ca peut vous coûter cher si vous faites appel à un coach en rangement pour vous aider à désencombrer votre logement au lieu de vous laisser de temps de désencombrer par vous même. Ca peut vous coûter cher si vous cherchez le must du must des vacances slow et que vous les réservez sans chercher midi à quatorze heures.
En revanche, l'élitisme financier, c'est un truc qui me débecte. Et c'est ce qui m'a plu dans l'art de vivre slow, c'est qu'il n'y a pas besoin d'être riche pour se poser des questions et pour changer ses habitudes de consommation. Acheter en seconde main son mobilier ou ses vêtements coûte moins cher que d'acheter du neuf. On ajoute à ça le fait d'avoir moins de besoin en matière de rangements et de fringues, on a moins besoin d'acheter et donc ça coûte moins cher.
Pour la bouffe, c'est différent. En France, manger des produits de qualité ça coûte cher. Qu'ils soient bio ou pas. Qu'ils soient produits à 10 minutes de chez vous ou un peu plus loin. Ca coute une blinde. On l'a vu quand on est rentré en France. On n'a pas des moyens classiques (à comprendre qu'on vit à deux sur moins de 1000€ en France, moins en Asie). Et bouffer à sa faim et de qualité en France, ce n'est pas dans notre budget. On a testé quand on est rentré. Ca ne marche pas.
On devient mou du bulbe et du zobe quand on est slow → Lol et re-Lol
J'aime l'expression: "mou du bulbe et du zobe", c'est mon côté Bridget Jones qui ressort... Adopter un mode de vie slow ce n'est pas ralentir la cadence au point de se transformer en escargot qui bave partout. Bien au contraire.
Je vais encore comparer ma vie d'avant et ma vie de maintenant. Avant, j'étais tellement surmenée et stressée que j'étais sous anti-dépresseur. Avec ou sans médoc, je n'avais pas la tête pour penser par moi-même. Je n'avais plus le temps. Et même quand j'essayais, baaahhh, ça ne marchait pas. Et puis, on a changé de vie radicalement. J'ai changé aussi ma manière de travailler. Il m'a fallu plusieurs années avant de trouver un équilibre qui n'est toujours pas parfait (mais je m'en bats les reins). Et maintenant, j'ai le temps de me poser les bonnes questions. J'ai le temps d'appeler mes frangins régulièrement. J'ai le temps de contempler ce qui m'entoure. Avant j'étais anesthésiée du bulbe, beaucoup moins maintenant.
Mon rapport au monde est différent. Je choisis dans quoi je veux mettre mon énergie. Je choisis ce qui vaut la peine de m'investir. J'ai plus l'impression d'être actrice de ma vie alors qu'avant je subissais mon quotidien. La productivité au boulot par exemple est différente. Je tâche de mieux comprendre mon rythme naturel plutôt que de me plier aux 35 heures sur 5 jours dans la semaine et 5 semaines de congés. Je ne prends pas de vacances mais j'ai une qualité de vie quotidienne qui fait que je ne ressens pas le besoin de me couper du monde pendant 3 semaines pour me ressourcer.
Le mouvement slow est un truc de bobo gauchiste → Faux
Perso, je ne suis définitivement pas de droite. Tu vois la gauche, tu vois l'extrême gauche, bah, tu fais encore 500 mètres plus à gauche et tu devrais m'y trouver. Le rouge vire au noir à ce stade là... Le côté bobo, euh, non. Si on entend bourgeois dans bobo, c'est pas trop de ce qui me colle à la peau. Si on entend bohème, ça ne marche pas non plus. M'imaginer néanmoins avec une couronne de fleurs sur la tête me fait bien marrer.
Consommer moins, consommer différemment, mettre l'humain au coeur des préoccupations, chercher le bien être / chercher le bien être ailleurs que dans l'acte d'achat, mettre en question l'ordre établi, prendre le temps de partager avec l'autre, prendre du temps pour soi, se reconnecter à soi... Tout ça, ça n'est pas dans une dynamique libérale ou capitaliste. En revanche, la fille utopiste que je suis aime à croire que quelqu'un profondément ancré dans des valeurs de droite peut aspirer aussi un jour à tout cela. Il n'y a pas nécessairement de couleurs quand on cherche à vivre mieux. Enfin, dans l'idéal, il ne devrait pas y avoir de couleur ou une histoire politique là-dedans. (C'est beau de rêver!)
Le mouvement slow c'est pour les hippies → Ça dépend, ça dépasse
Le côté écolo, sain, bio peut faire penser à un art de vivre hippie. Je ne suis pas une grande fan des hippies contemporains qui font du yoga parce que c'est à la mode, qui ont envie de me pendre parce que je ne suis pas végan, qui sont des survivors parce que pendant 25 ans ils ont réussi à survivre avec du gluten. Je n'arrive pas à prendre ces personnes au sérieux. Le yoga n'est pas juste une mode. Etre végan, c'est leur problème pas le mien. Du tofu c'est pas du steak même si je mange les deux. Et le gluten, j'en sais rien. Je n'ai juste pas envie de me poser la question. Je suppose que je vis bien avec et que j'ai autre chose à faire.
Il y a aussi un côté utopique dans l'art de vivre slow et penser (à tord ou à raison) qu'on peut vivre de manière différente dans une société comme la nôtre. Au lycée, on m'a appris que l'utopie était une aberration qui n'était pas viable. Mon père m'a souvent qualifiée d'utopiste. Et en voulant devenir adulte, j'ai mis de côté ce côté utopiste. J'en étais même venue à mieux accepter la dystopie que l'utopie. WTF!? Mieux accepter l'inacceptable au lieu de réfléchir à un système plus acceptable. Il y avait une couille dans la matrice. Après, même si j'aime l'idée qu'un jour il y aura une prise de conscience collective, je n'y crois pas. Je suis une utopiste blasée. En ce moment, je suis contente de voir que les gens s'intéressent de plus en plus au mouvement slow, à la décroissance, au minimalisme... En revanche dans quelques années, ça passera de mode et ils ne retiendront pas grand chose de tout ça. (Je vous ai dit que j'étais blasée, je ne déconnais pas!)
Ce n'est pas possible d'être productif en étant slow → faux
Faire moins mais mieux, c'est donner un autre sens à ses priorités. Je ne suis pas dans le "je fais plus ou moins" qu'avant. C'est surtout que je m'y prends différemment. Prenons l'exemple du boulot. J'ai la chance d'être à mon compte et de ne pas avoir un patron qui me les brise pour que je produise plus et plus et plus. J'ai certains clients qui essaient et ils se prennent un mur. J'ai appris à mettre des limites, mais ces limites sont différentes du cadre habituel. Par exemple, je n'ai aucun soucis à bosser le dimanche par exemple et à me prendre un jour off quand j'ai mes règles et que je suis HS. Le boulot est fait mais pas de la même manière temporelle. J'ai arrêté de bosser tous les jours sans pause aussi. Je bosse le matin parce que je suis plus productive. Je vais bosser à fond pendant 4, 5 parfois 6 heures et après, j'arrête. Mais j'arrête vraiment. Je mate une série, je casse les pieds de Flo, on va se promener. Je passe radicalement à autre chose. Je partitionne, cloisonne. Et quand j'ai besoin de me reposer parce qu'il n'y a pas de honte à être crevé(e), je peux vraiment me poser, faire la sieste ou faire quelque chose qui me détend. Je ne suis plus multi-tâches, multi-pensées. Et parfois, il m'arrive encore d'avoir 50 onglets dans ma tête d'ouverts, je ne vois pas ça comme un échec. C'est plus un signal d'alarme qui me dit qu'il y a un truc qui cloche et qu'il faut que j'arrête mes conneries. Généralement quand c'est comme ça, je vais faire un tour. a fait du bien et je peux reprendre sur des bases moins brouillonnes.
C'est facile de devenir slow → c'est complètement faux
Je vous ai déjà parlé de mes fails, mes ratés dans ma démarche slow. Au début quand j'ai découvert le concept de vivre mieux avec moins, c'était en 2015 et j'étais en recherche d'un autre mode de vie avec une certaine urgence. (Je n'allais vraiment pas bien!) Et ça a foiré. Et encore maintenant, j'ai encore des moments de foirages intenses. La différence c'est que maintenant je le vis vachement mieux. Il y a eu un tas de freins et / ou difficultés dans ce parcours qu'est le mien. En vrac, il y a eu:
- le fait de ne pas avoir une méthode qui me corresponde à laquelle me référer
- le fait d'être seule dans ma démarche
- le fait de voyager et d'avoir à vivre dans un monde radicalement différent de ce que je connaissais (ça m'a fait bugger très souvent)
- le fait d'être complètement en décalage avec mes interlocuteurs professionnels
Bref, ça n'a pas été une sinécure d'arriver à ralentir durablement et à trouver un équilibre. En revanche, ce qui est chouette, c'est que ça en valait carrément la peine.
L'art de vivre slow est une mode → probablement vrai
Même si j'aimerai que tout le monde devienne slow, arrête de consommer à 200%, soit plus attentionné quant à l'environnement qu'il soit proche ou pas et tout cela de manière durable. Je sais qu'il y aura un gros effet de mode et que dans quelques années, ce mode de vie sera obsolète pour une majorité. En revanche, je suis convaincue que certaines personnes conserveront certaines habitudes plus slow. Même si c'est une mode, perso, j'y trouve beaucoup de bénéfices et il y a fort à parier que certaines habitudes prises ces dernières années resteront ancrées dans mon quotidien encore longtemps. Ce n'est pas comme si la mode façonnait réellement mon quotidien... Même s'il m'arrive de parler de tendances déco, je ne les applique pas à mon quotidien. (J'ai même pas de chez moi!) L'effet de mode n'a pas que des côtés négatifs. Comme c'est un art de vivre qui se démocratise, il y a de plus en plus de ressources et des alternatives qui voient le jour. D'une certaine manière, ça nous / me facilite la tâche. Un peu de facilité de fait pas de mal, c'est même encourageant par moment.
Il y a une forme d'extrémisme dans le slow → faux
Enfin, chez moi, c'est assez extrême notamment au niveau du minimalisme. On a changé de vie radicalement, on est parti à 10 000 bornes de la France et on a appris à vivre de manière slow par la même occasion. Il y avait une première prise de conscience avant de partir, la seconde est quand on est arrivé en Inde. (Ca aurait été con de passer à côté de la culture indienne sous prétexte qu'on voulait tout voir et tout consommer très vite. 3 visas en Inde plus tard, on n'a toujours pas tout compris à ce pays qu'on affectionne particulièrement) Du coup, c'est radical et extrême pour nous. Mais on ne le vit pas mal du tout.
En revanche, sur le blog, je me suis toujours gardée de vous dire un truc dans le genre: "faites comme moi, j'ai LA recette du bonheur, suivez la." Je ne vous conseille pas de tout plaquer pour aller élever des chèvres dans le Larzac à moins que ce soit un projet qui vous tienne réellement à coeur. Je déteste les extrémistes / activistes qui essayent de te forcer à adhérer à leurs idées. C'est valable pour tout le monde et toutes les idées: les végans, les féministes, les racistes... Plus tu me forces, moins je t'écoute. Du coup, je tâche de ne pas reproduire ce genre de schéma sur le blog. J'essaye de vous montrer qu'adopter un autre mode de vie est possible, que ce n'est pas si facile et si naturel au premier abord. J'essaye de vous proposer des pistes de réflexions. Mais loin de moi l'envie de me présenter comme experte / guru du mode de vie slow. Le blog me permet juste de partager avec vous mon cheminement. Après si tu veux sur-consommer, vas-y. Il faut de tout pour faire un monde 😉
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