[Challenge slow] #2 – Apprendre à consommer autrement

"Mai 68. on disait non à la société de consommation et c'est devenu 10 fois pire." Cette citation, on la doit à Cabu. Souvent je me demande où-est-ce qu'on a chié pour en arriver à ce point? Dans cet article, je ne vais même pas essayer de répondre à cette question, je ne suis pas certaine d'avoir un début de réponse complète. Non, dans cet article, on va se demander pourquoi il est intéressant de consommer autrement et comment y arriver.

Quelques mots sur le Challenge slow: Cet article est le 2ème de la série Challenge Slow. Tout au long de cet été, je vous propose chaque vendredi une thématique pour adopter un quotidien plus slow. L'idée est de profiter des vacances où le rythme est plus cool pour poser des nouvelles bases, des bases plus slow au quotidien. De cette manière, à la rentrée, le rythme slow au quotidien sera déjà en place et sera plus facile à tenir. La semaine passée, il était question de désencombrer la maison et de la ranger. Cette fois, on s'attaque à la consommation au quotidien.

Au sommaire de cet article consacré à la consommation slow: 

Challenge de cet été: Consommer moins mais mieux

La tâche qui vous attend pour cette 2ème semaine du challenge slow de l'été est la suivante: Comment consommer moins mais mieux? Comment consommer autrement? L'idée est de profiter du temps plus tranquille de l'été pour se poser des questions sur sa manière de consommer et trouver des alternatives concrètes où vous pourrez continuer d'acheter après la rentrée des classes / la reprise du boulot.

Pourquoi consommer moins mais mieux devrait vous intéresser?

Avant de se lancer dans des "grandes" théories et des exemples concrets à appliquer au quotidien, on va d'abord se poser une question essentielle: POURQUOI vous devriez prendre du recul sur votre manière de consommer? Elle est importante cette question parce qu'elle donne du sens à votre démarche. Au lieu de suivre la mode comme tout le monde, savoir pourquoi vous cherchez à consommer moins mais mieux va vous permettre de tenir vos efforts dans le temps et d'opérer un véritable changement.

Pourquoi consommer moins? Vous voulez faire des économies

Acheter moins mais mieux sur le coup, ça ne coute pas moins cher. En revanche, c'est plus un investissement sur le long terme. Pour l'ameublement par exemple, on n'achète plus de meubles à bas prix qui vont tenir 2 ou 3 ans et on va préférer des meubles plus robustes qui couteront plus cher mais qui ne finiront pas dans une décharge après quelques années de "bons" et loyaux services. Ce type de meubles va durer 10 ans voire plus!

Pourquoi consommer moins? L'écologie et la nature font partie de vos préoccupations

Comme de plus en plus de monde et c'est une très bonne chose, je trouve. Consommer différemment c'est prendre le temps de savoir en quoi ce qu'on achète se répercute sur l'environnement. Une jean's made in Bangladesh, un meuble made in Indonesia, une brosse à dent en bambou made in China ont des conséquences écologiques et vous souhaitez consommer avec plus de conscience. (Le Made in France a aussi des conséquences écologiques même si on ne les montre pas souvent... Il faut en être conscient aussi.)

Pourquoi consommer moins? Transmettre aux enfants des valeurs différentes

Je n'ai pas d'enfants mais je sais qu'ici un grand nombre de mes lecteurs / lectrices en ont, mes ami(e)s proches en ont aussi. Et les enfants ont un rôle hyper intéressant dans la démarche slow. Ils donnent envie de faire de véritables changements au quotidien. Qui n'a pas envie de laisser un monde meilleur à son gosse? Qui n'a pas envie de lui apprendre des valeurs de respect?  Les enfants sont une super motivation et apportent aussi de la bienveillance dans toute cette démarche. Et ils peuvent être ce qui fait sens dans votre envie de consommer moins et mieux.

Pourquoi consommer moins? Pour qu'on arrête de nous prendre pour des jambons

Pendant longtemps je savais qu'un truc clochait, quelque chose qui ne dépendait pas forcément de moi mais qui jouait sur ma manière de consommer. Ca s'appelle la société! Tadam! Entrer dans une démarche de consommer moins mais mieux c'est chercher à avoir du recul sur les procédés mis en oeuvre pour nous inciter à toujours consommer plus. Tout est fait pour qu'on dépense notre fric dans des trucs pas très utiles. Et même si on ne peut pas lutter contre ça on peut en être conscient et ne plus se faire avoir autant. Par le fruit du hasard, je suis tombée sur un article qui tâchait de mettre en lien la publicité et l'écologie, voir éventuellement si les 2 sont compatibles. J'ai donc appris dans cet article, qu'on est confronté à "15 000 stimulis commerciaux" par jour. Je ne sais pas, ça me semble être un chiffre tellement É.NOR.ME et pourtant je n'ai pas de mal à y croire du tout. L'article ne donne pas juste ce chiffre, il explique aussi que cette profusion de messages commerciaux brouille les différents messages qui nous sont transmis. Entre le message: "Ahhh regarde le nouveau téléphone qui rend le tient obsolète" et le message: "Fais pas le con, achète moins pour l'environnement", il y en a un qui est plu largement diffusé, je pense que je n'ai pas besoin de vous préciser lequel. Avoir conscience de l'impact de la société et de la publicité est un premier pas. Ca nous permet de voir avec un oeil différent les messages qui nous poussent à toujours consommer plus, à consommer quand on n'en a pas besoin et du coup se faire moins avoir.

 

Les premiers pas vers une consommation différente

Maintenant qu'on a vu quelques intérêts à consommer différemment, on va se demander comment y arriver, comment commencer à consommer moins mais mieux. Mine de rien, cette démarche n'est pas anodine. Elle demande des changements en profondeur dans des habitudes que l'on a depuis qu'on est gosse et qu'on a presque jamais remises en cause!

La prise de conscience nécessaire pour consommer moins et mieux

Sans prise de conscience, vous ne consommerez pas moins. Mais cette prise de conscience n'est pas une illumination divine qui va arriver quand vous vous y attendrez le moins, aux toilettes par exemple. Non, cette prise de conscience est progressive. D'abord on comprend qu'il y a un truc qui cloche. On prend aussi conscience qu'on a vu que la partie visible de l'iceberg. On ne peut pas consommer moins et mieux du jour au lendemain. C'est pour ça que la plupart des gens voudraient consommer moins, consomment moins par obligations mais pas nécessairement mieux. Ca prend du temps. Il faut le temps de se renseigner sur ce qu'on consomme et sur les alternatives à la consommation classique. Ca prend du temps de changer des habitudes qui sont ancrées depuis des années dans le quotidien. Ca prend du temps parce que vous allez faire des erreurs et chercher à les rectifier.

Consommer ce n'est pas juste acheter!

Après cette prise de consciente qui s'est déjà peut-être opérée chez vous, vous allez vous rendre compte que la consommation n'est pas juste un acte d'achat c'est une manière de se comporter vis à vis du monde qui nous entoure. Le mois passé, j'ai consacré une série d'articles sur le slow travel, voyager lentement et différemment. On peut aussi prendre l'exemple de la slow food qui est à l'origine du mouvement slow il y a une trentaine d'années: prendre le temps de mieux manger. C'est dans toutes les gestes du quotidien que la consommation a imposé un rythme qui n'est pas naturel pour 2 ronds. Et même si la tâche est vaste, il ne faut pas se laisser décourager! Passer moins de temps devant un écran, vouloir faire moins de choses pendant les vacances, c'est ça aussi moins consommer.

Les limites de la consommation slow

En plus du fait que la tâche soit vaste, il y a d'autres limites actuellement quand on cherche à consommer moins mais mieux. Il y a des limites que l'on va s'imposer malgré nous. La contrainte temps par exemple. Dans un quotidien déjà bien rempli, ce n'est pas évident de trouver un peu de temps pour se poser de nouvelles questions et pour y trouver des réponses. Il y a une limite aussi plus pernicieuse, celle qui nous pousse à vouloir réussir du premier coup et atteindre la perfection. Je doute qu'elle soit atteignable à moins de s'exiler au milieu de la Creuse et de se couper du monde. Cette recherche de perfection est une limite dont il faudra vous affranchir et vous devrez faire avec un système imparfait. A moins qu'il y ait dans les mois à venir une super révolution qui mette fin au système capitaliste en place... Et je suis désolée, je viens de partir en couille!
Il y a aussi d'autres limites, pas impossible à dépasser mais auxquelles vous allez être confronté(e): Il est difficile en France de faire l'impasse sur le supermarché par exemple. Il y a aussi l'effet de mode. Quand j'ai commencé à m'intéresser au mouvement slow il y a plusieurs années, personne n'en parlait. Et je suis consciente que dans quelques années, ça va partir aux oubliettes. Quand l'effet de mode sera passé, est-ce que vous allez continuer vos efforts? Pas besoin de répondre à cette question maintenant. C'est juste une limite qui est là et dont il faut avoir conscience. Ca vous évitera d'être découragé(e) quand vous y aurez à y faire face.

Ces courants qui invitent à consommer moins mais mieux

Continuons à nous intéresser au fait de consommer moins mais mieux avec les différents courants qui invitent justement à consommer différemment. Ce qui me plait avec l'idée de courant (qui ironiquement sont à contre-courant) c'est qu'ils donnent des pistes concrètes pour consommer différemment. C'est un peu comme les grands textes religieux en moins perché et en moins parabolique. On n'a pas besoin non plus d'y vouer un culte... Mais ça nous donne des applications et des solutions concrètes. Vous pouvez très bien piquer des idées dans chaque mouvement, ils sont assez complémentaires.

La sobriété heureuse pour consommer moins

La sobriété heureuse est un concept qui a été développé par Pierre Rhabi. C'est assez difficile de définir cette notion, ce courant en quelques phrases. Pierre Rhabi cherche à prendre soin de la terre pour prendre soin de l'homme. Les deux sont inextricablement liés et on ne peut plus consommer comme des tarés si on veut continuer à vivre. La sobriété heureuse pour Pierre Rhabi passe par la modération, continuer à se faire plaisir mais avec modération et il faut redonner du sens au plaisir. Cette modération entraine une certaine sobriété. Et en plus, elle entraine une forme de bonheur. Depuis que je suis en Asie, on vie une forme de sobriété qui perso me rend heureuse. Je suis bien plus heureuse maintenant alors que j'ai peu qu'en France où j'avais tout et même plus.

Les décroissants consomment moins aussi

Pas évident de définir ce que sont les décroissants. Sur le web d'ailleurs, vous trouverez plus facilement des témoignages de personnes qui ont changé de mode de vie et de manière de consommer qu'une réelle définition courte, précise et concise. C'est un mouvement large qui peut prendre bien des formes. Je suis décroissante dans le sens où j'achète très peu, je consomme peu et je cherche à consommer encore moins. Mais le phénomène de décroissance a été piqué par les politiques. Parce que ouais consommer moins c'est aussi un acte politique et les dirigeants essaient de s'en emparer (pour le bien ou pas des citoyens... Ca c'est une autre question!) La décroissance s'oppose à la croissance, ce chiffre dont on parle aux infos. La décroissance s'oppose aussi au capitalisme contemporain. Ce courant est une réponse au monde moderne qui merde. Il est peut-être un peu moins philosophique et plus politique (quoi que!) que la sobriété heureuse précédemment évoquée.

Le minimalisme, s'entourer avec moins et mieux

Le minimalisme, j'en parle beaucoup sur le blog. Mon quotidien est minimaliste parce que mon sac ne peut pas contenir plus que ce qu'il contient déjà. Le minimalisme est un rapport différent aux objets et l'une des conséquences de ce rapport c'est d'acheter moins. Ce qui me plait avec le minimalisme c'est que c'est une invitation à se poser des questions sur les objets du quotidien. Avant de désencombrer, avant d'avoir un intérieur épuré, il est question de se demander quel est notre rapport avec l'objet. Au lieu de se laisser bouffer par l'abondance d'objets qui n'ont pas de sens, on va chercher ce qui nous semble essentiel pour vivre mieux.

Le zéro déchet, des idées à prendre pour consommer différemment

Le dernier courant que j'ai envie de vous présenter brièvement pour apprendre à consommer moins mais mieux c'est le mouvement zéro déchet. Il y a une démarche écolo derrière qui donne du sens. Et consommer en cherchant à faire moins de déchets ça implique aussi de consommer moins. On achète moins, on achète mieux pour que ça ne finisse pas à la poubelle. Ce qui est intéressant avec la démarche ZD c'est qu'elle nous oblige à penser plus loin que l'immédiateté. Elle met en avant les conséquences écologiques des achats que l'on fait. Il n'est pas juste question des emballages avec le zéro déchet et ça vaut le coup de s'intéresser à ce mouvement pour chopper quelques bons réflexes pour consommer différemment, même si votre objectif final n'est pas le zéro déchet.

Les questions qu'on peut se poser avant d'acheter

En plus des grandes questions sur la nécessité ou non de posséder et ce que cela implique pour nous, on peut se poser des questions toutes simples avant d'acheter quelque chose de nouveau ou avant d'acheter un produit de consommation courante.

• Est-ce nécessaire? Est-ce que j'ai déjà ce type d'objets? → le besoin
• Est-ce que le nouvel objet va réellement vous servir? → l'utilité
• Est-ce qu'il est possible de l'emprunter, de le louer? → l'alternative
• Est-ce que ce nouvel achat répond à vos valeurs? (des valeurs écolo par exemple...) → l'origine et le devenir du produit

Prenons différents exemples:
1/ Acheter des nouveaux vêtements. C'est les soldes et habituellement vous en profitez pour renouveler votre garde-robe. Avez-vous réellement besoin d'une nouvelle petite robe pour l'été? Est-ce que vous allez porter cette robe très jolie sur le portant mais qui ne correspond pas forcément à votre style? Est-ce que vous ne pourriez pas trouver une autre petite robe dans un kilo-shop ou un magasin de seconde-main? Cette petite robe made-in-loin-là-bas est en tissu synthétique, est-ce qu'elle va durer plus d'une saison? Qu'est-ce que vous allez en faire quand elle sera passée de mode ou quand elle sera trop abimée après quelques lavages?
2/ Acheter des tomates. Est-ce que vous avez besoin de tomates pour votre salade de tomates? (Question conne, je sais! Elle me fait rire!) Est-ce qu'il est utile d'acheter 1kg de tomates pour vous tout(e) seul(e)? Est-ce que vous avez le temps de préparer une soupe à la tomate avec le reste du kg que vous achetez? Est-ce que vous pouvez donner quelques tomates à la petite mamie qui vit 3 maisons plus loin? Les tomates dans le rayon viennent d'où? Est-ce que c'est la saison des tomates quand on est en plein mois de janvier? Est-ce qu'il est possible d'acheter des tomates qui ne viennent pas d'Espagne ou du Maroc?

Les moult possibilités pour changer ses habitudes de consommation

J'ai déjà consacré un article qui vous montrait 8 manières de consommer moins mais mieux. Si ça vous intéresse, il est disponible ici. Voilà rapidement des pistes qui peuvent vous aider à consommer différemment, dans tous les pans du quotidien et toute l'année:

Acheter moins mais mieux

• Consommer des produits locaux et pas uniquement pour de l'alimentaire
• Préférer des objets qui ont été fabriqués en France
• Chercher à acheter des produits plus durables dans le temps
• Apporter des améliorations qui amèneront à consommer moins (améliorer l'isolation pour perdre moins de chaleur l'hiver par exemple)

Consommer et produire moins de déchets

• Refuser les emballages inutiles
• Refuser les prospectus inutiles
• Faire réparer au lieu de jeter
• Acheter du seconde main
• Donner une nouvelle vie à des objets qui ne servent plus

Des modes de consommation alternatifs

• Le troc
• Aller moins souvent au supermarché et plus sur les marchés / AMAP
• Le don
• Le recyclage autre que le recyclage ménager (les vêtements par exemple ou le mobilier)

Pour aller plus loin dans cette démarche

Pour terminer cet article, je vous laisse avec une série d'articles qui pourraient vous aider à prendre du recul sur votre manière actuelle de consommer
→ La déconsommation, consommer moins mais mieux sur le site Bio Consommacteur - un aperçu rapide et positif de ce que peut-être la déconsommation.
→ Consommer moins mais mieux, les nouvelles habitudes des français vont-elles durer? - article d'Europe 1 avec l'économiste Philippe Moati qui revient sur l'effet Coronavirus / confinement et la consommation.
→ Viande, en consommer moins mais mieux par WWF qui nous montre les conséquences environnementales liées à la consommation de viande. Ce que j'ai apprécié dans cet article, c'est qu'on ne nous incite pas / oblige pas à passer au véganisme mais qu'on nous informe simplement. Une méthode douce pour nous montrer qu'une autre manière de consommer est possible au quotidien.
→ Les français veulent consommer moins mieux - cet article du magazine Le Point est intéressant parce qu'il ne date pas d'hier! Il a été publié en 2012, et, déjà à cette époque consommer différemment était l'une des préoccupations des français.
→ La sobriété heureuse, nouveau modèle de société basé sur la simplicité volontaire sur le site de Consoglobe est une définition un peu plus complète que celle que je donne à propos de la sobriété heureuse.
→ Consommer autrement par le collectif Ethique sur l'étiquette qui revient sur le secteur de l'habillement et les soldes dans cet article. Je vous conseille aussi de regarder l'ensemble du site qui revient sur les enjeux du secteur de l'habillement, thématique que je ne traiterai pas souvent sur le blog vu que je ne suis pas une fashion victim mais plus une personne qui s'habille par obligation.

Cet été, je ne vous propose pas de révolutionner le monde, je vous propose juste de prendre le temps de vous poser des questions qui n'ont pas de réponses immédiates. Quand ce sont les vacances, on a plus de temps pour le faire. Et on a aussi plus de temps pour s'intéresser aux alternatives locales qui nous permettront de mieux consommer toute l'année. J'espère que ce challenge vous donne des pistes pour trouver ces alternatives près de chez vous. On se retrouve vendredi prochain avec un nouvel item de ce challenge slow et là il sera question de ne rien faire... Tout un programme aussi!

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