Cela fait très longtemps que je n'ai pas écrit et partagé ici un article lifestyle et slow. En général, je partage mon quotidien et certaines de mes réflexions sur Patreon. Mais cette fois, je fais une entorse à mes habitudes. Et j'avais envie d'évoquer mes habitudes slow et ce qui se passe actuellement en terme d'actualités. Je le vois avec Flo (mon conjoint) ou avec les personnes avec qui je vis en ce moment. J'ai vraiment un rapport à l'actu qui est différent. Je n'écris pas cet article pour vous narguer et vous mettre en pleine face mon "bien-être". Au contraire. Si vous trouvez que l'actu est anxiogène, qu'elle mine votre moral, je vais essayer de vous montrer qu'il est possible d'adopter un autre rapport à ce qui se passe dans le monde, plus ou moins loin de chez nous. Et peut-être que cela vous aidera dans votre propre démarche! (Je l'espère...)
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Actualités - le trop est l'ennemi du bien
Le trop est l'ennemi du bien. C'est l'un des fondements d'un quotidien slow que ce soit en décoration comme pour toutes les facettes de notre vie. Tomber dans l'excès n'est jamais une bonne chose et pour moi, un mode de vie slow me permet d'éviter de tomber dans ce type de comportements (ou si j'y suis, j'essaye de comprendre pourquoi, comment, etc.) Ces dernières années, j'ai l'impression qu'on s'en prend plein la tronche et de toutes parts. Les deux exemples les plus flagrants sont évidemment la pandémie et la guerre actuelle en Ukraine.
Mais si on regarde un peu plus loin dans la chronologie, ce ne sont pas les seules actualités angoissantes qu'on a du digérées. Prenons l'exemple des attentats de 2015. A cette époque, je vivais encore en France. Je me souviens de ce que j'ai ressenti après la fusillade dans les locaux de Charlie Hebdo. Je me souviens aussi d'avoir suivi la traque des terroristes à la télé, un peu comme si c'était une drogue. C'était plus fort que moi alors qu'au final, la plupart du temps, c'était juste hyper chiant et il ne se passait rien. Maintenant, avec le recul, je trouve ce comportement assez alarmant. C'est probablement humain mais c'est aussi malaisant de regarder une traque humaine réelle comme si c'était normal. BFM (et autres chaines d'infos en continu) et Twitter sont de super instruments pour répondre à ce besoin quasi viscéral d'informations; Le flux est constant. Mais est-ce que c'est réellement bon pour nous d'être exposé(e)s à des infos dans ce style sans interruption?
Depuis cette époque, ma situation a changé. J'ai commencé à voyager et j'ai mis de la distance physique entre ce qui se passe en France et mon quotidien. Je reste informée quand les circonstances font que c'est nécessaire. Mais il y a une distance physique qui a évolué en distance tout court. Et ça m'a beaucoup servi à partir du moment où on a été bloqués en Thaïlande au début de la pandémie. Je restais informée mais je ne cédais pas à la panique. Le voyage m'a rendue plus confiante en l'avenir et en ma capacité à gérer les couilles qui vont nous tomber dessus. (Ce n'est pas vrai totalement quand je suis en France, j'ai encore des choses à régler je pense...) Il y a toujours une solution et s'il n'y en a pas, c'est que la question / le moment ne sont pas bons. Bref, pour la pandémie, j'ai lu. Et j'ai mis une certaine distance. Je ne peux pas être une experte en virologie. Ce n'est pas dans mes compétences, ni dans mes ambitions. Je suis très à l'aise avec cette idée. J'ai bien entendu un avis sur la gestion de la pandémie, sur le vaccin, sur les gestes barrières. En revanche, je ne participe pas au débat, je ne prends rien pour moi et j'évite de me laisser bouffer la vie avec l'anxiété qui découle de la situation.
Guerre en Ukraine - est-ce qu'on a peur?
C'est la même chose pour ce qui se passe en Ukraine actuellement. Entre Tbilissi et Kiev, il y a 1461 km (à vol d'oiseaux ou de bombe). Je suis donc 600 bornes plus près que les parisiens. Toujours à vol d'oiseau, je suis à moins de mille bornes de la capitale administrative de la Crimée Simferopol (940km à peine plus loin que Dunkerque de Marseille). Je suis aussi à 1650km de Moscou. Je suis à 150 bornes de l'Ossétie du Sud qui est une zone géorgienne occupée par les russes. C'est à peu près la même distance qu'entre Lille et Boulogne sur Mer.
Est-ce que j'ai peur? Pas spécialement. Si j'avais eu peur ou des raisons d'avoir peur, j'aurais déjà pris mes cliques, mes claques et mes sacs et on aurait changé de pays sans tortiller du cul. Il y a quelques jours j'ai évoqué notre situation en story sur Instagram. On est informés. Flo lit beaucoup à ce sujet. Je lis moins et je choisis ce que je lis. Ca j'y reviens après. On ne vit pas qu'à deux mais à 4 (à 6 mais il y a un couple qui ne parle pas anglais). On parle donc tous les jours à 4. J'ai donc les news des Etats-Unis et du Royaume Uni, en plus des news françaises. Etre informés nous permet de savoir si la situation entre la Géorgie et la Russie évolue ou pas et si on doit se casser ailleurs. Ce qui est plus problématique dans cette quête de rester informés c'est quand il y a de la rétention d'informations. Cette semaine la présidente de la Georgie était en France et a rencontré Macron. En revanche, au moment où j'écris cet article, il nous a été impossible de savoir les tenants et aboutissants de cet entretien. Macron a fait un discours, visiblement, il n'a pas été question de la Géorgie. La présidente géorgienne a fait des plateaux TV et radio mais il n'a pas été question de cet échange. Du coup, c'est plus emmerdant pour savoir à quelle sauce on va être mangés (et vous pouvez noter que le problème ne vient pas de la guerre, de l'Ukraine ou de la Russie mais de la France).
Je parle ici de peur pas de danger. Ce dernier point est une autre histoire même s'ils peuvent être en relation. Est-ce qu'en ce moment c'est dangereux d'être en Géorgie? Pas spécialement, du moins pour nous français. On évite d'aller aux manif' mais c'est surtout qu'on sait par expérience qu'il est très rapide que ça parte en cacahuète. Est-ce que ce sera dangereux dans le futur d'être en Géorgie? Aucune idée, je ne suis pas Madame Irma ou Madame Soleil. Si ça venait à être dangereux, à sentir le roussi, on partira. C'est aussi simple que ça! On est conscients que ça peut déraper. C'est une possibilité. 20% du territoire géorgien est occupé par la Russie. Pour le moment, c'est stable. Pas besoin de psychoter outre mesure.
Comment je fais pour ne pas subir l'anxiété relative à l'actualité?
J'ai déjà commencé à répondre en partie à cette question dans les paragraphes précédents. Il n'y a pas une formule toute faite, c'est juste un ensemble de comportements qui me permettent de ne pas céder à la panique et devenir chèvre.
D'abord, j'ai arrêté le FOMO = "Fear of missing out" et en français c'est la peur de louper quelque chose. Si je loupe une info, je m'en bats les reins. Ca ne me fait ni chaud, ni froid. Si c'est une information importante, elle finira bien par arriver jusqu'à moi. Je l'ai écrit, je lis les infos. En revanche, pas n'importe comment. Je lis un peu au réveil. Je lis un peu plus le soir, généralement pas plus d'une heure. Il y a des médias que j'évite. En ce moment je ne vais pas sur Tikitok par exemple parce que je ne veux pas voir des scènes d'affrontements. Ce n'est pas parce que je vois la guerre que ça va la rendre plus acceptable, moins dangereuse. (D'ailleurs, chers parents, faites attention à ce que vos enfants voient. Je reste traumatisée par les images de la guerre en Irak quand j'étais gosse. Ces images sont encore dans mon esprit alors que j'ai bientôt 40 piges).
Le deuxième outil que j'utilise et la méditation et elle me permet de prendre du recul. Oui c'est la guerre, oui la guerre c'est mal (je suis une putain de pacifiste dans la vraie vie). Oui des gens souffrent et meurent. Oui c'est injuste. Je peux continuer comme ça longtemps. Quand je médite, je me pose des questions comme: est-ce que ma peur va changer la situation en Ukraine? A quoi sert la peur? Quelles alternatives niveau sentiment sont à ma disposition? Relativiser la peur pour avancer vers autre chose...
La méditation permet aussi de faire la part des choses. Tout n'est pas blanc ou noir. Tous les russes ne sont pas à mettre dans le même panier. Et j'en passe. Est-ce que ça sert vraiment à quelque chose et à la situation que je prenne partie et que je le crie haut et fort? Le monde s'en bat les couilles de ce que Julie pense. Dans cette situation, il est primordial en revanche de ne pas tuer notre part d'humanité et ne pas mettre une serviette sur le respect qu'on doit à chaque être humain.
Parler moins et parler d'autre chose est une des solutions que j'affectionne particulièrement en ce moment. Je ne fais pas que de parler de la guerre. Et quand on m'en parle de trop (Flo ou les gars avec qui je vis), je dis stop. Tout est question d'équilibre. Et parfois parler moins mais mieux est la solution. Parler d'autre chose, c'est une thématique à laquelle j'ai pas mal pensé ces derniers jours. Est-ce déplacé / indélicat de ne pas parler de la guerre H24? Est-ce déplacé de parler déco, bien-être en ce moment? Est-ce indélicat de poster des photos de petits chats alors que des innocents meurent? Pour répondre à cette série de questions, j'ai une autre question: si j'arrête de vivre est-ce que ça va sauver les personnes qui subissent la guerre? Non, bon bah voilà! Cette thématique, je l'ai aussi soulevée sur Instagram cette semaine. J'ai vu certains compte que je suis ne plus poster de photos de voyages à cause de la situation en Ukraine. Du coup, j'y ai pensé mais j'ai aussi demandé l'avis aux personnes qui me suivent. Au final, 100% des réponses étaient pour que je continue de poster des story sur mon quotidien un peu décalé dans le Caucase.
S'interroger sur notre empathie - J'ai lu pas mal et j'ai discuté pas mal à ce propos avec Kessy (l'américain avec qui on vit); J'ai l'impression de ne pas en avoir ou du moins ne pas avoir la même empathie que le reste des gens. Il y a une certaine évidence dans mon cheminement à la condamnation de la guerre et plus généralement à prendre la vie de quelqu'un. En revanche, même si des gens meurent actuellement à 1000 bornes de là où je vis, je ne vais pas arrêter de vivre ou me mettre à prier (vu que je ne crois pas en l'existence d'un dieu, je ne vais pas aller le prier).
Je ne me sens pas non plus investie d'une mission qui est d'aller sauver la veuve et l'orphelin. L'américain est un ancien soldat et il se tâte à aller là-bas aux côtés des Ukrainiens pour sauver la démocratie et tout ça. Ca me dépasse. Le syndrome du sauveur ou du bon samaritain, ça fait longtemps que je l'ai enterré. L'idée du bon samaritain est à rapprocher de la charité (notamment la charité chrétienne) et l'amour de son prochain comme soi-même. L'idée de charité avant de quitter la France était le cadet de mes soucis (c'était avant tout un truc culturel). En revanche, depuis qu'on a commencé à voyager, cette charité a été au coeur de certaines de mes réflexions. En gros, parfois est-ce qu'on ne fait pas plus de mal aux gens en étant charitable / faisant la charité? La charité à la française est-elle la meilleure? N'y a t'il pas différentes manières d'aider les gens? Est-ce que la charité est nécessairement un rapport fort / faible? Si oui, qu'est-ce que cela implique? (Ouais je sais, dans cet article, je pose beaucoup de questions et je ne donne pas les réponses. J'ai pas dit que c'était facile...)
J'ai failli oublier de vous parler d'être dans le présent pourtant ça m'aide beaucoup. Il y a quelques années, c'était impensable pour moi d'être dans le présent. J'ai de gros soucis d'angoisses et d'anxiété. L'année avant de partir de France j'étais sous médocs pour ça. Mais les médicaments à 30 ans, ce n'est pas une solution. En voyageant, j'ai pris le temps de revoir l'importance que je donnais au futur (comme au passé). Je suis encore en train de travailler dessus. Comme beaucoup de pistes ici dans cet article, c'est un travail de longue haleine. En l'occurence ici, la question tourne essentiellement autour du présent et du futur. Je pourrais imaginer le début d'une 3ème guerre mondiale dans les jours voire les semaines à venir. Je pourrais, c'est une thématique qui fait parler d'elle en ce moment. A quoi bon penser au pire et se convaincre que ça va arriver? Je ne suis pas survivaliste, je ne vais pas dévaliser Carrefour et Spar pour faire des réserves (de PQ mais pas que!) en vue de survivre à une éventuelle guerre mondiale. Non, ce qui risque d'arriver en revanche, c'est un sentiment d'insécurité grandissant, une oppression dans ma poitrine et des aigreurs d'estomac. Tout ça pour une simple pensée que je me suis mise moi-même en tête et qui ne se réalisera pas (espérons le!)
A la place, je préfère me concentrer sur le présent. Ca s'apprend mais c'est possible. Le présent est que j'ai froid aux pieds, que je suis dans un environnement que je connais relativement et qui est pour le moment stable. Oui la situation de la Géorgie peut évoluer. On en a parlé avec Flo. On est d'accord sur les décisions à prendre si ça commence à sentir mauvais. Mon présent est aussi composé d'un besoin de me sentir chez moi. Rien à voir avec la situation internationale. Mais j'aimerai avoir la paix au quotidien. C'est rare que je ressente ça mais je crois que je suis juste fatiguée d'être dans une région du monde qui ne me plait pas autant que l'Asie. Mon présent n'est pas tout à exclusivement tourné vers la guerre. J'ai des pensées sincères pour les ukrainiens mais aussi pour les russes. Comme je le disais plus haut, la guerre n'est pas un prétexte pour balayer notre humanité. Mon présent est assez simple au final. Et même si l'actualité n'est pas hyper réjouissante, ce présent (ou cette non projection sur un futur qui ne dépend pas de moi) m'évite de devenir barge / subir de l'anxiété pas nécessaire.
Enfin, dernier outil qui me permet de ne pas virer folle, c'est me focaliser sur l'essentiel mais pas uniquement. Il ne pas tomber dans l'excès. On en revient à cette question d'équilibre qui me tient à coeur. L'essentiel dans mon quotidien ces derniers jours est de savoir ce qu'il se trame dans le Caucase et particulièrement ici en Géorgie, histoire de savoir s'il faut qu'on parte. Le reste, parfois j'ai vent de... Mais je n'y accorde qu'une importance modérée. Pas que ça ne soit pas important, c'est juste qu'il faut faire des choix pour garder un semblant d'équilibre mental. Cette question d'essentiel si vous suivez mon parcours slow, vous savez qu'elle est importante. Elle me permet de remettre les choses à leur place, les mettre en perspectives mais aussi garder en tête ce qui est important. L'essentiel me permet par exemple de ne pas céder à la panique, creuser un trou et attendre que le monde devienne meilleur.
Comme d'hab, quand j'ai commencé cet article, je ne pensais pas qu'il serait si long et que j'aurais autant à raconter... Si tu as tout lu et que tu es arrivé(e) à la fin, je te remercie. J'espère que tu auras trouvé ici des pistes à développer pour te sentir plus serein(e) face à l'actualité merdique. C'est un travail de longue haleine et je ne peux pas le faire pour toi. Il y a quelques années, j'aurais été incapable d'avoir autant de distances face à ce qui se passe aux portes de l'Europe. J'ai encore beaucoup à réfléchir sur ces questions que ce soit celle de la guerre comme celle d'un regard plus slow. Mon point de vue va très probablement évolué, je l'espère. Mais au moins, si tu te sens débordée par l'actu, j'espère que quelques pistes ici t'aideront à te sentir mieux. Si tu as d'autres conseils pour mieux vivre le bordel ambiant, je suis preneuse et tu peux me les donner en commentaire (;
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