Les décors miniatures et poétiques de BOKA.L

Mes interviews de cet été sont une douce pause dans mon quotidien. J'aime prendre le temps de découvrir des univers créatifs d'horizons différents. J'espère que ça vous plait autant qu'à moi. Cette semaine, on s'intéresse à un monde poétique à souhait qui peut vous aider à créer une déco qui vous ressemble. Je vous propose de découvrir Boka.L et le travail de Laure.

En quelques mots, peux-tu nous présenter ton travail? Quel est ton parcours?

Bonjour, moi c’est Laure et je suis créatrice de diorama. Plus spécifiquement, je mets en scène des paysages naturels bucoliques, figés sous bulles de verre, invitant à un voyage à la frontière entre l’imaginaire et le réel.

Avant de me lancer professionnellement cette année dans cette passion et cette activité, je suis passée par différentes études et métiers. Je suis diplômée d’une licence de langues étrangères, d’un master en E-tourisme puis récemment d’un CAP ébénisterie.

Suite à mon master, j’ai travaillé en tant que chef de projet dans une start-up qui proposait des jeux de piste via une application mobile. Au bout de 5 ans, j’ai décidé de changer de cap et de faire une reconversion en tant qu’ébéniste. En résumé, je ne tiens pas trop en place. Je suis quelqu’un de rêveur, qui a souvent la tête dans les étoiles avec beaucoup de pensées et d’idées qui se bousculent.

Malgré l’obtention de mon CAP d’ébéniste en 2022, j’ai décidé de ne pas poursuivre dans cette voie pour le moment. Je profite tout de même des compétences manuelles acquises lors de cette formation et de mon imagination débordante pour créer des petites sculptures. Au fur et à mesure, ces petites créations sont devenues des mondes miniatures oniriques qui ont défini mon univers, celui de BOKA.L.

Comment as-tu débuté la miniature?

Comme je l’expliquais précédemment, j’ai fait une reconversion au cours de ces dernières années qui s’est avérée intense. Une fois le CAP en poche, j’ai compris que cette reconversion était précipitée, ce n’était pas le bon timing pour ma part. Épuisée par mon premier travail en startup, enchainer sur l'apprentissage d'un métier manuel en 8 mois n’a fait qu’accroître ma fatigue.

J’ai pris la décision de prendre une demi-année sabbatique pour me reposer. Cependant, le repos ne fut pas total, car encore une fois, je n’ai pas tenu en place. Je me suis très vite plongée, sans le conscientiser, dans l'art-thérapie et j’ai découvert les vertus thérapeutiques de la création. Au fur et à mesure, je me suis prise de passion pour la miniature mais tout en ajoutant une touche personnelle à cette discipline : des paysages qui pour moi reflètent une atmosphère paisible, encourageant la méditation et la contemplation.

Est-ce que tu peux nous en dire plus sur ton processus de création?

Une fois que j’ai un projet en tête ou une thématique qui me tient à cœur, je prends d’abord le temps de trouver des références. Par exemple, j’utilise assez fréquemment Pinterest pour m’inspirer. J’y fais pas mal de recherches, pour trouver des références de textures, de compositions, de designs de bâtiments ou de bateaux par exemple… Il y a tellement de possibilités qu’on peut constamment nourrir son imagination à travers différents médias et supports.

Cette phase de recherche est importante car en plus de travailler son imagination, cela permet de se renouveler en testant de nouvelles choses. Pour ma part, j’aime me lancer des défis et me donner des petits challenges de réalisation. Je pense que tester de nouveaux matériaux et techniques permettent de s’aventurer sur d’autres sujets, d’approfondir ses compétences manuelles et ainsi d’infuser de nouvelles idées pour proposer plus de pièces uniques.

Lorsque j’ai suffisamment de références pour me lancer dans le projet, je fais le croquis de la future pièce et je liste les différentes étapes potentielles. Je ne le fais pas systématiquement mais je m’efforce à le faire car ça m’aide à préparer les différentes phases de conception et à éviter de faire des erreurs.

Enfin, pour donner vie à ces créations, j’utilise très souvent du polystyrène extrudé, de la résine (uv ou époxy), du carton, du bois, de la pâte fimo et du flocage. Il m’arrive aussi de travailler avec du plastiroc, du plâtre et de l’enduit. Pour la peinture, j'emploie de préférence une palette de couleurs douces, souvent automnales, où le vert et le bleu sont prédominants.

Tu as un univers très poétique, d’où te vient l’inspiration?

Mes créations se concentrent souvent autour du rapport entre l’homme et la nature. Cette thématique peut être représentée via des édifices isolés, qui sont généralement abandonnés et colonisés par la végétation. Ces petites architectures, seules témoignages d'une activité humaine au milieu de cette nature abondante, m'évoquent un sentiment de recueillement.

Puisant mon inspiration tant dans des sources imaginaires que dans le réel, on retrouve dans mes œuvres l'empreinte des univers fabuleux des studios Ghibli, dans lesquels les paysages et le folklore asiatique véhiculent à mon sens une harmonie naturelle d'une part, mais également une dimension spirituelle. Il m’arrive aussi de faire appel à des souvenirs de voyage, de randonnées ou encore de rêves un peu loufoques, pour créer des paysages réalistes et à la fois oniriques.

D'une manière générale, je tends à retranscrire la quiétude que certains paysages m'évoquent, qu'il s'agisse de la douce fraîcheur que renvoient les glaciers polaires ou encore la chaleur et la convivialité des villages toscans.

Peux-tu nous expliquer ce qu’est un diorama?

J’ai toujours eu du mal à expliquer ce qu’est un diorama car j’ai l’impression qu’il y a plusieurs manières de le présenter. Pour faire simple et avec mes termes, je dirais qu’un diorama est une représentation d’une scène (naturaliste, historique, fictive…) sur un support spécifique et qui peut être produite à différentes échelles. Il peut être complété avec un fond peint (2D ou 3D) et des effets sonores pour donner plus de contexte ou de réalisme à la scène.

Combien de temps passes-tu en moyenne sur une création?

Mes dioramas sont en général des pièces uniques. Ainsi les matériaux, les techniques, les contenants et les sujets peuvent varier. Par conséquent, je ne saurais dire le temps en moyenne que je passe pour produire une pièce. Cela peut prendre un, deux, trois jours voire une semaine.

En revanche, j’ai remarqué que la taille du diorama ne jouait pas forcément sur le temps de production. Une petite pièce peut demander autant voire plus de temps de conception qu’une création de taille moyenne. En effet, pour des petits modèles, je dois être plus précise et réfléchir différemment sur la manière d’aborder le sujet.

A contrario, les dioramas que je produis en série sont plus faciles à estimer. Car répéter les actions tout en optimisant le processus permet de concevoir plus efficacement. Par exemple, je suis en capacité aujourd’hui de produire trois/quatre petits voiliers par jour.

Est-ce qu’il t’arrive de travailler pour des commandes particulières?

J’ai de temps en temps des commandes personnalisées. Assez différentes des unes des autres d’ailleurs, pour mon plus grand plaisir. J’ai eu à plusieurs reprises cartes blanches (avec ou sans thématique précise) ou des commandes bien spécifiques comme des dioramas évoquant des souvenirs de voyage. J’ai eu aussi une commande particulière, qui mélangeait mon univers et la maison d’un particulier. La cliente m’avait donné les plans et les photos de la maison de son fils pour que je la reproduise telle quelle mais dans un décor onirique.

Quelle est la miniature sur laquelle tu as préféré travailler?

Je pense que le Relais de Zelda reste pour le moment la miniature sur laquelle j’ai préféré travailler. C’était un projet personnel que j’ai décidé de faire pour mon propre plaisir (je suis assez fan de l’univers) et pour me challenger. C’est l’une des plus difficiles que j’ai eu à faire à ce jour mais j’ai appris tellement de choses et progressé en le faisant.

Quelle est la miniature qui a le plus de succès auprès de tes client•e•s?

Si je me réfère aux statistiques des réseaux, je dirais que le relais de Zelda (encore) a rencontré plus de succès. Mais cela s’explique du fait que ça provient d’une licence de jeu vidéo, par conséquent la publication sur Instagram a été plus virale.

Sinon je ne saurais dire, car je suis toujours agréablement surprise d’entendre les différents ressentis des personnes qui remarquent et apprécient mon travail. Certains vont avoir une préférence pour les ruines ou les édifices abandonnés avec une ambiance post-apocalyptique, d’autres vont être beaucoup plus sensibles aux couleurs et à la convivialité que génèrent les “Hameaux” par exemple. Une pièce qui pourrait être un bon mélange entre ces deux ambiances serait “ District 01” qui représente un bidonville fantôme mais pour autant très coloré.

Comment peut-on te joindre? Et où peut-on suivre ton travail?

Site web: boka-lc.com
Instagram: b.o.k.a_l
Threads: @b.o.k.a_l

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Merci beaucoup Laure d'avoir répondu à mes questions et d'avoir pris le temps de nous faire découvrir ton univers si poétique. C'était un plaisir pour moi d'en apprendre plus sur ton activité, ton parcours, tes savoir-faire. Merci!

Cher•e•s lecteur•rice•s, j'espère que vous avez pris autant de plaisir que moi à entrer dans le bocal de Laure. Je compte sur vous pour soutenir son travail (et celui des autres créatrices présentées tout au long de cet été). Pour cela, vous pouvez visiter son site web, suivre son travail sur les réseaux sociaux. N'oubliez pas qu'un like, un commentaire, un partage sont de petits gestes gratuits qui aident précieusement chaque artisan•e et créateur•rice. Merci par avance!

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