Avant de me lancer dans la déco, je voulais être prof. Pour moult raisons, j'ai laissé cette idée de côté quelques années. J'ai bossé, j'ai créé mon entreprise, j'ai fait un tas de choses... Et puis, comme je te l'expliquais il y a quelques mois, je suis retournée à mes premières amours et j'ai commencé à enseigner (l'article est disponible ici). L'année scolaire touchant à sa fin, il est temps de prendre un peu de recul mais aussi d'en profiter pour faire le bilan.
Oulala, le français n'est pas la tasse de thé de mes élèves
Bon, je ne devrais pas dire "élèves", mais "stagiaires" puisque la plupart sont alternants. Passons, on s'en fiche pas mal. Ils ont entre 19 et 38 ans. Ils sont dans des domaines variés: industriels, tertiaires... J'ai même une classe de préparation concours qui s'est ajoutée à mon planing en milieu d'année.
Je me doutais bien qu'en enseignant en BTS, le français n'était pas forcément une passion pour eux. Je me doutais bien aussi que certains se pensaient "nuls" en français. Ce soucis, j'ai commencé à le détruire très vite. On n'est pas nul en français, on a juste des difficultés. Et les difficultés, on peut les surmonter. Ca leur à fait bizarre d'entendre ça au premier cours, mais tout au long de l'année, ce fut l'un des fils conducteurs de mes cours.
Ce qui m'a fait le plus bizarre, c'est un point sur lequel je n'étais pas préparée. Je pensais qu'après un bac, peu importe le type de bac, on savait au moins lire couramment. Ce n'est pas vrai. Alors moi qui pensais faire 1 mois 1/2 de compréhension de texte et passer à autre chose, comme la production écrite, j'ai du revoir ma progression très vite. Il a fallu réapprendre à lire tout haut et à voix basse. Il a fallu apprendre à comprendre un texte, le vocabulaire, les détails, les nuances. Bref, je suis loin de mes 6 semaines prévues initialement. Je suis plus à 6 mois. Pour mes premières années de BTS, je voulais qu'ils comprennent tous ce qu'ils lisaient en fin d'année. Certains ne comprennent pas tout, mais il y a eu des progrès.
Au niveau de la production écrite, j'ai de tout: du très bon, du moins bon, du "oulala, mais il a fait quoi pendant ces 15 dernières années?". Bizarrement, les fautes ne me dérangent pas tant que ça. Parfois, ça pique aux yeux. Mais dans l'absolu, ils sont là pour apprendre, même si on doit revoir les bases.
Des gamins en or!
Au delà des fautes, des problèmes de lecture et de compréhension, il y a des "gamins" fantastiques. Quasiment tous, même ceux que j'ai eu peu d'heures. Il y en a forcément quelques un avec qui le feeling est moins passé. Ca ne joue pas sur ma manière d'enseigner. Mais à côté des cours, forcément, il y en a certains avec qui j'ai moins parlé. Cependant, la plupart sont de belles rencontres.
Je ne fais pas du français à proprement parlé. Je déteste les cours de grammaire, même si je suis spécialisée dans cette matière. Et comme ma matière est officiellement Culture Générale et Expression, j'ai choisi de rendre mes cours humain. Pour apprendre à de jeunes adultes à prendre du recul, à voir le monde d'un oeil critique, il faut à mon sens incorporer une part personnelle dans les cours. Donc on a parlé de la mort, de la maladie, de l'amour, de notre comportement... d'un tas de choses, en fait. Et comme, mon cours est basé sur l'échange, cela va dans les deux sens: prof / élève et élève / prof. Avec ce fonctionnement particulier, il y a forcément des connexions et des liens qui se créent. Je me rends aussi disponible pour eux quand ça concerne les cours, mais pas que.
Bref, avec chaque élève, c'est une belle rencontre, sincère et ouverte, basée sur le partage. D'ailleurs, je tiens à les remercier, tous autant qu'ils sont, pour avoir partagé ma première année d'enseignement et pour l'avoir rendue si enrichissante. (Merci les choupis!)
Quelques difficultés rencontrées
Bon, soyons honnête, on n'est pas au pays des Bisounours et des licornes. Même si la bienveillance est au centre de mes préoccupations, il y a eu quelques difficultés à surmonter durant cette première année.
Je l'ai évoqué plus haut, je pensais que tout le monde savait lire en sortant de bac. C'était une idée reçue à la con! Et il y en a qui savent lire, mais qui ne comprennent pas ce qui lisent. Je me suis posée des questions quand même sur le système éducatif pour le coup. Tout le monde doit avoir le bac. Mais la lecture et la compréhension semblent facultatives. Merde alors...
J'ai aussi rencontré le cas de la dyslexie, sous différentes formes. Il y a des élèves qui sont dyslexiques légèrement. Et puis j'avais un élève qui l'était sévèrement. Ca a bouleversé ma manière de faire cours. J'ai essayé de comprendre comment ça marchait, comment je pouvais l'aider au mieux. Honnêtement, après cette année, j'ai un goût de frustration dans la bouche. J'aurais aimé faire plus, faire mieux. Donc, j'ai demandé une formation sur les Dys- et les troubles de l'apprentissage. Je suis certaine que ça va me servir souvent!
Je n'ai pas rencontré souvent de problèmes de respect. Je ne suis pas chiante à partir du moment où on n'est pas chiant avec moi. Au début, je voulais qu'ils me vouvoient. Et une fois que le respect était suffisamment installé, ils pouvaient me tutoyer sans soucis. C'est comme ils le sentaient. Beaucoup ont utilisé le vous-toiment, qui me fait mourir de rire! Il y a eu deux situations où j'ai fait les gros yeux. Il y en a même un qui a dit: "Même en colère, la prof ne crie pas". Non, non, je ne crie pas. C'est une perte d'énergie. Je crie des "Hey" pour qu'ils se taisent (et qu'ils sursautent). Ca suffit. Les seuls rapports que j'ai fait étaient relatifs au travail produit par deux élèves. Le plagiat est inadmissible. Ne rien faire en DM aussi.
Enfin, la dernière difficulté a été la fatigue. En centre de formation, on n'a pas les mêmes vacances que les profs. Bref, les seules vacances que j'ai eu sont celles de Noël, celles qui ne sont pas reposantes pour un sous et en plus, on a eu la bonne idée de déménager à ce moment là. Donc là, forcément en fin d'année, je suis sur les rotules.
Bref, ce fut une chouette première année.
Je tiens à remercier une fois encore ces stagiaires qui sont extras. J'en profite (sait-on jamais, ils pourraient vraiment lire cet article), pour leur souhaiter de bonnes vacances même s'ils sont au boulot et pour les 2ème années, je leur souhaite beaucoup de bonheur, de réussite et tout ça!
Bonjour,
Je vous suis sur ce blog pour la déco et j’apprécie beaucoup votre ton.
J’ai trouvé cet article très intéressant et cela m’a permis de vous connaître différemment.
Bravo pour ce parcours !
Bonne journée à vous.
Bonjour Florence,
Merci pour votre commentaire. Il me fait chaud au coeur et je suis contente qu’il vous permette de mieux me connaitre 😉
A très vite!
Julie
wouah…. Je suis ce blog et quelques autres parce que j’aime la déco !
Mais là, j’ai les yeux qui picotent (pour ne pas dire plus !)…
Je suis admirative : un prof qui tente de faire adhérer, un prof qui essaie de comprendre les différences, qui préfère s’arrêter, reprendre à zéro, amener le débat plutôt que de vouloir coûte que coûte faire passer le rouleau compresseur du « programme » et en perdre en route.
Chapeau bas… C’est un beau métier et tu lui rends bien !
Merci beaucoup Christelle!
J’ai la chance d’être en centre de formation où on me laisse 100% de liberté pédagogique. Savoir lire et écrire sont des choses essentielles dans notre quotidien et je n’imagine pas laisser la moitié des gamins sur le carreaux parce qu’ils ont des difficultés. J’ai été une mauvaise élève en français, je sais par quoi ils passent et ça m’aide beaucoup à les aider. Et mine de rien, j’ai quand même réussi à boucler mon programme. Il y a tellement de manière d’aborder un programme… Il suffit que le prof s’adapte et adapte ses techniques éducatives ^^
En tout cas, merci beaucoup pour ton commentaire 😉
c’est la 1ère fois que je lis votre blog et merci pour cet article.
Merci pour les profs qui se donnent du mal et pour ceux qui croient en leurs élèves.
Je ne suis plus à l’école depuis longtemps mais ce sont des profs comme vous qui redonnent confiance et que j’ai pu rencontrer au cours de ma scolarité.
Alors, continuez et surtout ne lâchez rien ! 🙂
Merci Dounya pour votre commentaire. C’est important de croire en l’autre, élève ou pas d’ailleurs. Ca permet de jolies choses et d’avancer ensemble dans de bonnes conditions. N’hésitez pas à donner de vos nouvelles à vos anciens profs, je suis certaine que ça leur fera plaisir 😉
A très vite,