Les mosaïques contemporaines de l’Atelier Eliden | made in France

Ce sont les vacances d'été... Pas de repos pour le blog mais pour marquer cette douce période de l'année, j'ai eu envie de vous proposer un peu de nouveauté. A la télé, vous avez le Tour de France en vélo. N'étant pas fan de vélo, je vous propose un petit tour de France pendant l'été pour vous faire découvrir des créatrices et des savoir-faire qui me plaisent. On commence à Lyon, avec Marion et l'Atelier Eliden. Marion est mosaïste. J'ai découvert son travail sur Threads. J'espère que vous aimerez autant que moi découvrir son travail et son parcours.

En quelques mots, peux-tu nous présenter ton travail? Quel est ton parcours?

Je suis artisan mosaïste et j’ai récemment ouvert mon atelier à Lyon : l’Atelier Eliden. Je crée et pose des décors en mosaïques sur-mesure absolument partout. Du sol au plafond, en intérieur ou en extérieur, j’ai à cœur de moderniser l’image de cet art vieux comme le monde!

Comment as-tu débuté la mosaïque?

J’ai étudié le droit pendant quatre (longues) années à la fac de Paris mais c’est un domaine dans lequel je ne me suis jamais reconnue. Tous les vendredi soir, je passais devant la mosaïque de l’hôtel Aiglon boulevard Raspail à Paris, pour rentrer chez mes parents. Je trouvais cette façade hypnotisante et incroyable, elle m’apaisait réellement et puis un jour j’ai réalisé que quelqu’un était derrière ce travail (en l'occurrence Mathilde Jonquière).

Alors un peu avant la fin de mes partiels de fin d’année, j’ai poussé la porte d’un atelier de mosaïque qui proposait de courtes formations sur trois jours. J’avais le besoin de découvrir ce métier, connaître la vie en atelier, voir ces matières et ces couleurs de plus près. Finalement, après un coup de foudre réciproque avec Cécile Barbara qui m’a accueillie, les trois jours se sont transformés en trois mois! Elle m’a donné les bases du métier puis présenté à d’autres mosaïstes qui avaient besoin de petites mains.

C’est comme ça que j’ai débuté dans ce métier. A partir de ce moment-là, les événements se sont enchaînés de manière très fluide. J’ai tout de même effectué une formation certifiante pour valider mes acquis. Chaque personne qui m’a accompagné l’a fait avec beaucoup de générosité, j’ai pu très rapidement accéder à des chantiers prestigieux.

Est-ce que tu peux nous en dire plus sur ton processus de création?

Chaque projet est unique, parfois mon travail est simplement de réaliser une mosaïque à partir d’un dessin ou logo déjà défini. Je n’ai plus qu’à m’en approcher au maximum. Mais la plupart du temps, mes clients n’ont pas d’idée précise, je dois alors m’imprégner du lieu dans lequel va se trouver la mosaïque, comprendre leurs goûts et sensibilités.

Je pioche alors parmi une grande base de données que je me suis créé, on peut y trouver d’anciennes mosaïques sur lesquelles j’ai travaillé, mais aussi des mosaïques découvertes lors de voyages, des textures, des tissus, des associations de couleurs… l’inspiration se trouve partout!

Je vais ensuite dessiner et présenter trois variations du projet et je laisse le client choisir celle qu’il préfère. Si besoin, je réalise un petit échantillon pour mieux se rendre compte des textures et des couleurs. Ensuite vient la création: chaque morceau « tesselle » de mosaïque est taillé et collé à la main dans mon atelier. Les techniques de coupe ont peu changé depuis l’Antiquité. On taille toujours le marbre et certaines pâtes de verre à la marteline et au tranchet. Les autres matériaux nécessitent une pince.

Avec qui travailles-tu?

Je travaille en direct avec les particuliers qui désirent rénover un bout de leur intérieur, par exemple leur salle de bain ou leur cuisine.

Pour les commerces, les restaurants et les bureaux, ce sont plutôt les architectes d’intérieur et les décorateurs qui me contactent. Ces rencontres sont très appréciables car le travail en atelier est assez
solitaire.

Ton atelier est installé à Lyon? Est-ce que tu travailles partout en France? Si oui, comment ça se passe?

Je réalise entièrement mes mosaïques dans mon atelier à Lyon mais je peux les poser partout, en France ou plus loin! J’utilise une technique de pose indirecte sur papier kraft qui a été inventée par Giandomenico Facchina en 1855 et qui lui a permis de réaliser d’immenses fresques notamment celles de l’Opéra Garnier de Paris.

En atelier, on colle la mosaïque à l’envers sur du papier, on découpe ensuite l’ouvrage en plaques qui seront facilement manipulables. Ensuite, sur le chantier, on colle la mosaïque cette fois-ci à l’endroit sur le sol ou le mur puis on enlève délicatement le papier kraft avec de l’eau chaude.

En presque 200 ans, la technique est restée la même car elle est très efficace. On peut donc envoyer les plaques de mosaïque n’importe où dans le monde. Il m’arrive de travailler avec des poseurs quI réceptionnent et collent la mosaïque à ma place si besoin.

J’ai découvert sur ton site que tu avais une démarche éco-responsable. Dans quelles mesures tes créations en mosaïque sont plus respectueuses de l’environnement?

Selon moi, l’univers de la décoration est un domaine où les tendances bougent trop vite et poussent à la surconsommation. La mosaïque marque, elle, une pause. Elle à ce côté éternel car elle ne s’altère pas avec le temps. Au contraire, on retrouve des mosaïques dans des états incroyables, quasi intactes, après plusieurs millénaires sous la terre. Si on décide d’acquérir une mosaïque pour chez soi, on le fait - presque - comme on investirait dans une œuvre d’art. Il faut réfléchir et prendre du recul car on ne pourra pas la repeindre en même temps qu’un changement de rideaux ou de coussins.

Également, l’utilisation de matériaux de seconde main comme de la vaisselle de famille ou d’anciens carreaux que l’on découvre pendant une rénovation est très courant. C’est intéressant de donner une seconde vie à ces matériaux via la mosaïque. Moi-même, à la fin d’un chantier quand il me reste des chutes de carreaux, je les mets de côté pour une créatrice parisienne « Klaroushka » qui innove avec une
matière surprenante le Polyzzo.

Enfin, il faut savoir que les matières premières viennent à 90% de France en direct des manufactures sans ajout d’intermédiaires. Au nord de la France, la famille Winckelmans fabrique le grès cérame, les pâtes de verre viennent de la famille Albertini près de Paris et la plupart des émaux proviennent de la ville de Briare.

Comment fais-tu entrer la mosaïque dans l’intérieur de tes clients?

La mosaïque se colle partout, du moment qu’il y a une surface à peu près plane… j’ai tendance à dire que le seul obstacle est notre imagination! Si vous avez un commerce, un bureau ou tout simplement une douche chez vous, je peux y apporter ma petite touche!

Chez un particulier, je peux intervenir sur un pan de mur, une salle de bain, une crédence de cuisine, un pas de porte voire la façade en personnalisant une plaque avec le numéro de rue ou le nom de la maison. Le jardin est aussi un très bon terrain de jeux avec les pas japonais, les dalles, et pourquoi une table.

Dans les restaurants, faites attention la prochaine fois que vous attendez dans l’entrée, une mosaïque se trouve certainement sous vos pieds! Je peux également travailler la façade du restaurant ou l’enseigne avec le nom et le logo. Dans les commerces, un pas de porte personnalisé donne tout de suite beaucoup de cachet, on peut aussi penser au comptoir.

Mon rêve serait de redonner un peu de couleurs au béton gris de nos villes en recouvrant, par exemple, des bancs dans les rues ou encore réaliser des fresques dans des parcs ou devant des écoles. Ce qui me captive dans le métier de mosaïste, c'est qu'il se trouve quelque part entre l'art et l'artisanat. Les techniques et le savoir-faire sont ancestraux, tout le défi est d’apporter de la modernité dans les textures, les couleurs et les motifs.

Il y a une réalisation que j’aime par-dessus tout sur ton site, c’est le tapis d’entrée (celui de Londres). J’aime son design suranné qui apporte beaucoup de charme avant même d’entrer dans la maison. Peux-tu nous en dire plus sur ce type de création?

Tout d’abord, je te remercie infiniment pour tes appréciations, elles me vont droit au cœur. C’est toujours émouvant de savoir que son travail touche une autre personne que soi.

Le tapis d’entrée londonien a été réalisé pour personnaliser une de ces maisons de ville d’un quartier résidentiel de Londres. Mes clients ont décidé d’y inscrire leur adresse dans un style traditionnel. Dans ces rues aux maisons identiques, chaque habitant y va de sa petite excentricité avec, par exemple, une porte rose ou des vitraux colorés, tout en restant dans une certaine harmonie.

Je me suis donc inspirée de cet environnement pour créer ce tapis d’entrée. Il est entièrement en grès cérame car c’est ce qu’il y a de plus robuste pour résister aux passages répétés et j’y ai consacré sept jours complets de travail de la conception à la pose. Pour un tapis de sol de ce type, tout est déclinable: les couleurs, les motifs, le type de lettrage, les contours… mais aussi les matériaux si l’on garde bien en tête de privilégier le grès cérame dans la composition.

Dans un style à l’opposé, beaucoup plus moderne et coloré tu trouveras sur mon site un autre tapis de sol réalisé pour une maison lyonnaise.

Est-ce possible de visiter ton atelier pour y apprendre la mosaïque?

Pour le moment, mon atelier est dans une partie de mon domicile donc je ne peux pas y recevoir d’élèves mais j’espère de tout coeur ouvrir un atelier-boutique à Lyon prochainement. Cet héritage artisanal m’a été entièrement transmis grâce à la patience et la générosité d’autres mosaïstes, c’est à mon tour de participer à la transmission de ce savoir-faire.

Comment peut-on te joindre? Et où peut-on suivre ton travail?

Site web: www.atelier-eliden.com
Instagram: @atelier_eliden
Pinterest: pinterest.fr/atelierelidenmosaic/
Mail: atelier.eliden[at]gmail.com

Je réponds volontiers à toutes les demandes et curiosités. Je propose toujours un devis gratuit avec des dessins, n’hésitez pas à entrer en contact avec moi si mes mosaïques vous plaisent!

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Merci beaucoup Marion d'avoir pris le temps de répondre à mes questions et nous expliquer ton parcours, ton métier. Chers lecteur•rice•s, j'espère que vous avez pris autant de plaisir que moi à découvrir le travail de Marion. N'hésitez pas à suivre l'Atelier Eliden sur les réseaux sociaux et partager son travail / cet article autour de vous. Soutenir l'artisanat local peut prendre différentes formes et un partage est gratuit.

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