Comme tous les matins, un peu comme tout le monde, je regarde mon fil d'actu sur Facebook. Je me marre devant une vidéo d'un gars déguisé en kangourou qui éclabousse une mamie en sautant dans une flaque (juste à y repenser, j'ai le smile), je commente deux ou trois trucs, je vais sur mes différentes pages dont celle du blog... Bref, un matin comme les autres ou presque.
Et je tombe sur la publication de Catherine qui est RP, avec qui j'ai déjà eu l'occasion de bosser. Avec les hastags qui vont bien, Catherine a su éveiller ma curiosité. Je vous laisse voir la publication, vous comprendrez...
Parce que je suis curieuse, mais aussi parce que je pense un peu à mes fesses, je m'empresse d'aller lire l'article de Numerama: Une blogueuse condamnée suite à une critique de Restaurant.
Grosso merdo, l'histoire c'est ça: La blogueuse a écrit son mécontentement sur son blog, dans un français extra. Cette blogueuse a la chance d'avoir un référencement correct sur Google, donc son article était visible facilement sur le web. La patronne du restaurant a poursuivi la blogueuse. Selon la patronne et la justice l'article relèverait de la discrimination plus que de la critique constructive. Il est dispo ici, pour vous faire une idée. La blogueuse n'avait pas d'avocats et juste en y pensant, cette situation a du être source de stress, comme il est rare d'en ressentir. Je trouve qu'elle a eu une sacrée paire de couilles (passez moi l'expression) de se pointer au tribunal toute seule... Passons...
J'ai envie de revenir sur deux ou trois points à propos des blogs et de la blogosphère... Ça vous permettra peut-être de mieux comprendre certaines choses et le fonctionnement de ce monde tout à fait particulier, mais que vous côtoyez sur le web.
La première chose est quelque chose que j'explique régulièrement à ma famille et à mes amis: Quand j'écris, ce n'est pas Julie que je vous montre, c'est Cocon. Cocon ou Ju ou un personnage tiré de la réalité mais qui n'est pas réel à 100%. Oui, quand je vous parle de Chéri, Chéri existe vraiment. Oui quand je vous écrit à 4h du matin quand je fais une insomnie, je n'ai pas mis mon réveil juste pour écrire... Je pars toujours de la réalité mais il y a un moment où cette réalité est dissociée de ma vie personnelle. C'est nécessaire. On aime écrire à propos de notre quotidien mais il est important de garder une part de privée. Cocon est un personnage. Quoiqu'il arrive, en transposant à l'écrit une scène qui s'est déroulée, il y a un décalage, juste par les mots qui sont utilisés.
Je pense que la blogueuse en étant à table et en voyant pour la 1ère fois la serveuse ne s'est pas dit: "Quelle harpie celle là!". Sans connaitre cette blogueuse, je peux facilement dire que le mot "harpie" découle de la succession d'événements et de comportements malheureux. Comme une grande partie de son récit qui a été écrit après coup, c'est l'impression générale du repas qui est donnée dans l'article et qui donne son ton. Et merde, on écrit, on se doit d'utiliser un français correct, même si cela signifie l’utilisation d'un vocabulaire un poil plus soutenu ou de mots à plus de 3 syllabes. C'est comme quand on se relit pour laisser un minimum de fautes d’orthographe. On prend soin de nos lecteurs... Dans la vie, la vraie, je ne parle pas comme sur mon blog (sauf pour les gros mots). La blogueuse aurait pu être bien plus vindicative dans ses propos. La réalité du service et de l'accueil ont été transposés après coup.
Deuxième chose, avec cette condamnation, je me questionne sur les droits et les devoirs des blogueuses. Mis à part pour des cas très particuliers, je ne connais pas de blogs qui sont haineux, ou, discriminatoires. Nous ne sommes pas journalistes et c'est pour ça aussi que les blogs marchent si bien, c'est qu'il y a une part de vérité, un petit détail qui renvoie nos lecteurs à leur propre expérience. On a tous connu un restau merdique que l'on déconseille vivement à nos proches. Et quand j'ai lu l'article de la blogueuse, j'ai tout de suite fait la liste dans ma tête des restaus de Dunkerque à éviter absolument.
On reproche à la blogueuse d'avoir écrit des propos qui ne sont pas constructifs. Je ne suis pas d'accord. A la fin de son article, quand elle parle de l'addition elle revient sur les us et coutumes de la restauration. Offrir l'apéro à un client mécontent par exemple est une coutume un geste commercial, un geste qui montre que le restaurateur s'excuse du désagrément. C'est constructif, en tout cas à mon sens. Je pense que la blogueuse n'est pas serveuse et n'allait pas expliquer comment une serveuse doit se comporter durant son service. Je pense que la blogueuse n'est pas non plus cuisto et n'allait pas expliquer comment faire pour en pas avoir les bords d'une pizza trop secs. Donc, la condamner parce que son texte est discriminatoire, je trouve ça plus que limite. Je me demande jusqu'où on a le droit d'ouvrir notre gueule sur nos propres blogs? Est-ce que sur Trip Advisor on condamne les auteurs des commentaires vaches? Pourtant le principe de ce site est de permettre de donner son avis et d'avoir des avis d'autres consommateurs.
Là, la blogueuse a donné son avis. Il n'est pas folichon, mais est-ce de sa faute, j'en doute. Écrire un blog ce n'est pas écrire sur le monde des Bisounours. Si l'expérience est malheureuse, elle l'est. On y peut rien... (Enfin, la patronne pouvait s'excuser le jour J et offrir l'apéro, mais elle ne l'a pas fait. Elle pouvait y faire quelque chose). Chéri me demanderait, quel intérêt de parler de ça sur le blog? Si ça ne s'est pas bien passé, tu peux juste te promettre de ne plus y mettre les pieds et fermer ta gueule. Oui, je pourrais. La blogueuse aurait pu aussi. Mais il ne faut pas oublier que les prémices des blogs étaient des journaux intimes que nous ouvrions aux regards de tous. On en revient même à l'essence des blogs, on a une part de nous qui est écrite. On pourrait ne pas écrire sur le négatif de notre quotidien, mais nos lecteurs ne cherchent pas le monde des Bisounours quand ils viennent nous lire. Ils cherchent avant tout la sincérité qui découle de nos textes et de nos expériences.
Dernier point, la justice... Vous le remarquez, mon article est assez long, donc il m'a fallu plus de 10 minutes pour l'écrire. J'ai partagé la publication de Catherine, juste avant de me mettre à écrire. Sur mon partage, il y a 9 commentaires, 1 partage. Dans l'un des commentaires, il y a le mien: "Oui c'est le sentiment que ça me donne. Le gros poisson (ou la grosse connasse au choix) qui bouffe tout cru le petit poisson (ou la blogueuse, toujours au choix)..." avec 3 likes. La justice semble très injuste pour le coup, et pas uniquement à mes yeux.
Dans l'article de Numerama, il est dit que la blogueuse n'avait pas d'avocat, qu'elle n'a pas forcément eu le temps de se retourner pour en trouver un. Il est écrit aussi: "Ils ne m'ont même pas demandé de supprimer l'article ou de modifier le titre avant de m'attaquer en référé." Je parlais tout à l'heure d'us et coutumes pour la restauration. Là, on est face aux us et coutumes de la blogosphère. Sur de nombreux blogs, il y a un formulaire de contact, pour contacter la blogueuse. Et s'il y en a pas, il y a la possibilité de contacter la plateforme si le blog est hébergé sur une plateforme. Ou au pire des cas, contacter l'hébergeur. Il y a toujours la possibilité de contacter la blogueuse qui écrit. Et même plus connement, il y a le système des commentaires qui existe et qui permet de dialoguer avec la blogueuse. Bref, quand il y a un soucis, il y a maintes et maintes façons de contacter la blogueuse. Si comme moi, il lui faut trois plombes pour répondre, c'est parce que la plupart des blogueurs ont une autre activité à côté et ils ont une vie. On ne se laisse pas tout le temps bouffer par notre boite mail. La patronne du restaurant aurait pu contacter la blogueuse et lui demandé de retirer son article. L'avocat et le juge aurait pu demandé à la patronne de contacter la blogueuse avant de la trainer en justice. Mais non... Il en a été autrement.
Par ailleurs, la justice semble très injuste quant à la peine prononcée. 2500€ au total, pour un article qui ne me choque pas outre mesure, c'est une peine qui me semble très injuste et infondée. Il y a des textes bien plus hargneux sur la toiles que personne ne signale (sans parler des commentaires que l'on peut lire sur les réseaux sociaux). Je suis abasourdie par la décision de la justice.
Pour conclure, je peux vous dire avec certitude que si un jour je suis au Cap Ferret, je n'irai pas au Il Giardino. Non pas parce que j'ai lu l'article de ma consœur blogueuse - jusqu’à présent je sais faire la part des choses et je sais ne pas faire une généralité d'un cas isolé. Non, je n'irai pas parce que je condamne pleinement les suites qui ont été données à cet article. Je privilégie le dialogue aux rapports de force et d'intimidation. Et intenter une action en justice pour une critique de restaurant est un acte qui me sidère.
NB: Pour toute personne souhaitant réagir à cet article, il y a la possibilité de s'exprimer en dessous de cet article dans les commentaires ou il y a le formulaire de contact en haut dans la barre de menu...
Source des images: Capture d'écran -> perso, image à la une, image 1, image 2
Elle est belle la liberté d’expression dans notre pays ! Donc on a l’obligation de ne dire que du bien des lieux qu’on visite, des resto où on mange, qu’on paye de notre poche ou pas….
Donc une blogueuse a le droit d’apposer sur son blog le logo du FN, d’autres ont le droit de tenir des propos assez limites sur tous sujets, mais on n’a pas le droit de dire qu’on est mal reçus dans un resto. Eh bien c’est bon à savoir….
C’est vraiment scandaleux !Et puis franchement, un resto qui s’attaque à une blogueuse, aussi connue et influente soit-elle, c’est franchement pathétique et ça n’améliore en aucun cas leur image.
Je suis complétement d’accord avec toi. Je suis vraiment sur le cul de l’ampleur qu’a pris cette critique… On n’est pas à l’abri, même sur nos blogs d’un con qui passe…
ben en fait, j’ai lu ton article, j’ai lu le post incriminé + d’autres liens sur le sujet et pourtant même si je ne cautionne absolument pas les suites juridiques de l’affaire, je ne pense pas non plus de façon radicale que cette article « critique » soit très pertinent. Pour deux raisons : la première il s’agit là beaucoup de ressentis entourant le factuel, nous sommes donc dans le jugement personnel. (ce que nous faisons toutes en parlant de déco, de films de bouquins, de resto , je ne le nie pas !). la seconde c’est que nous sommes aussi dans la mauvaise pub et le restau aurait dû y répondre autrement : parce qu’au fond je suis sûre que le service a été excécrable comme il l’est décrit et que l’adresse n’est pas à recommander. Mais justement la nuance est dans le « n’y allez surtout pas c’est mauvais » et dans le « j’ai été déçue, je ne vous le recommande pas ».
Tu vas dire que je chippotte ! mais c’est une nuance importante.
Dans les critiques lues sur le net par des journalistes ou bloggueurs cette nuance est majeure : « je vous parle de mon expérience, elle n’a pas été bonne, à vous de vous faire la votre. »
Voici pour mon humble avis ouvert à critique évidemment 😉
Bonne journée
Ton commentaire m’a fait relire l’article. Elle ne dit pas que la bouffe a été mauvaise (l’entrecôte a été « changée ») et à la fin l’auteur nous invite à (« Je vous engage à la noter »)… Mais bon, c’est clair que qu’après avoir lu l’article, ça ne donne pas envie d’y aller.
Perso, je suis assez sanguine quand on me cherche (sinon je suis adorable), je pense que même si j’avais du écrire une telle expérience, même si j’avais attendu de me calmer, je crois que les formules de politesse, pour ne pas froisser seraient tomber à la trappe. La nuance aussi. J’ai écrit sur ce blog des articles bien plus tendancieux (avec plus de rage)…
C’est vraiment dommage d’arriver au tribunal pour ça. Pour le moment c’est un cas isolé, mais qui nous dit que ça ne va pas se populariser?
Merci de ton passage. Et surtout n’hésite pas à donner ton avis. Même si nous ne sommes pas d’accord, je ne te collerai pas au tribunal 😉 lol
Bonne fin de journée à toi aussi